La paulownia, un remplaçant prometteur de l’épicéa

Le défi des essences alternatives face à la domination de l’épicéa sur le marché européen du bois

Le contexte actuel de l’industrie du bois en Europe

Le marché européen de la charpente et de la construction bois est actuellement dominé par les produits à base d’épicéa. Malgré la crise du scolyte qui a durement touché cette essence ces dernières années, le volume de bois d’épicéa reste conséquent. Cette domination s’explique par la quantité d’épicéa disponible, la force de l’industrie associée et son intégration européenne, ainsi que par les coupes sanitaires qui permettent de maintenir cette essence comme leader du marché du bois de structure en Europe depuis plusieurs années.

Les difficultés des essences alternatives sur le marché

Les essences alternatives ont donc du mal à se tailler une part du marché européen de la construction bois. Malgré tout, cette domination de l’épicéa aura probablement une fin, car les replantations d’autres essences évitent de mettre en danger cette essence déjà menacée. Il est cependant difficile de prévoir quel bois pourra remplacer l’épicéa, mais il est très probable qu’une diversité d’essences concurrentes se développent. Parmi elles, le paulownia bénéficie d’une certaine attention, avec des opinions partagées quant à ses avantages et inconvénients.

Le cas particulier du paulownia

Le paulownia est un bois qui suscite à la fois des critiques et des éloges. Considéré comme un mauvais bois à cause de son importation de Chine et de son caractère invasif, notamment pour la variante tomentosa, il est pourtant largement utilisé à Paris. Cultiver des arbres comme de l’agriculture, en rangs d’oignons, pose également problème et remet en question les pratiques de l’industrie du bois. Néanmoins, le paulownia attire l’attention du grand public en raison de sa capacité à pousser rapidement et à stocker le carbone. Il pourrait être utile pour développer l’agroforesterie, qui consiste à protéger les cultures par un couvert végétal. Toutefois, le paulownia ne bénéficie pas du soutien des institutions nationales ou européennes de la filière bois, car il sort du cadre de l’industrie et entre plutôt dans le cadre de l’agriculture.

L’émergence du marché des produits transformés à base de paulownia

Malgré ces réticences, un marché des produits transformés à base de paulownia est en train de naître. En évitant temporairement la concurrence avec l’épicéa dans le secteur de la construction, ce marché se caractérise par une forte rentabilité et une demande non satisfaite par l’offre. Le paulownia présente un potentiel de croissance qui profite de multiples marchés de niche, grâce à sa légèreté. Bien que l’on encourage à manger moins de viande dans notre époque, la filière maïs associée au biogaz prédomine. Le paulownia pourrait néanmoins connaître une expansion importante au cours des prochaines années grâce à son potentiel de captation du carbone.

Les entreprises pionnières sur le marché du paulownia

En France, l’un des premiers acteurs sur ce marché est Renaud David de Paulownia France, qui revendique une présence de 20 ans déjà. En collaboration avec le céréalier Hugo Augé, il a lancé en 2019 un site de test avec cent arbres à Guercheville. Renaud David et l’entreprise France Paulownia d’Ares en Gironde ont également lancé Ecoplante 374, une sélection spécifique pour le climat méditerranéen ou continental. Par ailleurs, l’entreprise allemande WeGrow, installée à Tönisvorst en Basse-Rhénanie, est considérée comme la mieux structurée d’Europe sur ce marché. Elle propose des conseils aux acheteurs pendant les trois premières années suivant la plantation et propose de racheter le bois au moment de la récolte, après 8 à 12 ans. WeGrow se concentre de plus en plus sur le développement de la filière aval, sachant que l’offre est encore très inférieure à la demande dans de nombreux domaines.

Les avantages et les défis du paulownia

Le paulownia se distingue des plantations sylvestres par ses besoins en eau et en engrais pendant les trois premières années. Cependant, il nécessite moins d’eau que d’autres plantes agricoles selon les analyses effectuées par Peter Diessenbacher, fondateur de WeGrow. Un hectare d’hybrides WeGrow est censé capter 35 à 45 tonnes de CO2 par an, contre 10 à 13 tonnes pour une forêt mixte. Cela fait du paulownia un allié précieux dans la lutte contre le changement climatique.

Les perspectives d’avenir

Le paulownia est en train de gagner en popularité en tant qu’espoir de captation du carbone. Cependant, dans notre société du spectacle, les succès sont parfois éphémères, et les critiques difficiles à contrer. Malgré une certaine sympathie des chaînes de télévision, le marché du paulownia se développe encore discrètement dans sa niche avec des pionniers qui mesurent les succès et les revers. Néanmoins, la demande croissante, notamment dans des domaines de plus en plus nombreux, pourrait permettre au paulownia de jouer un rôle significatif à l’avenir. Les contraintes réglementaires et les aides actuelles freinent toutefois le développement de l’agroforesterie en France et en Europe, tandis que d’autres pays européens parviennent déjà à boucler le cycle du paulownia.

Même si l’épicéa reste le leader incontesté du marché européen du bois de structure, les essences alternatives, telles que le paulownia, commencent à se faire une place. Le développement de ces essences représente un défi tant sur le plan technique que sur le plan réglementaire, mais il offre également de nouvelles opportunités pour l’environnement et l’agriculture. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la préservation des ressources naturelles et la diversification des essences utilisées dans l’industrie du bois.