Roi de la chanson française : Maurice Chevalier, une légende intemporelle

Rendez-vous avec Maurice Chevalier (Arte) : le fabuleux destin du môme de Ménilmontant

Par Jacques Pessis

Publié il y a 14 heures

Une affiche d’un spectacle de Maurice Chevalier au Casino de Paris. Coll. Kharbine Tapabor Bri

Avec son Mistinguett, qui fut sa partenaire et sa compagne, Maurice Chevalier est une figure éminente, mais lointaine, du café-concert et de la chanson à l’ancienne. Arte revient sur le destin de l’homme au canotier ce dimanche (à 20h05).

Plus d’un demi-siècle après sa disparition, Maurice Chevalier demeure, aux États-Unis, un symbole de Paris, au même titre que la tour Eiffel. En France, la nouvelle génération connaît la chanson “Paris sera toujours Paris” grâce à la reprise de Zaz, mais ignore souvent jusqu’au nom d’un interprète injustement un peu trop oublié.

Rendez-vous with Maurice Chevalier de Cyril Leuthy : un coup de projecteur nécessaire

Le documentaire “Rendez-vous with Maurice Chevalier” de Cyril Leuthy, à qui l’on doit déjà des films sur Barbara ou Jean-Pierre Melville, donne un coup de projecteur nécessaire sur une carrière unique dans l’histoire du music-hall et du cinéma français du XXe siècle.

Le fabuleux destin du “p’tit gars de Ménilmontant”

Le documentaire commence par l’Oscar d’honneur qui lui a été remis, en 1959. Un soir de triomphe pour le “p’tit gars de Ménilmontant”, qui a grandi dans la misère, et débuté dans les cafés-concerts avec un café au lait en guise de cachet. Sa situation s’est quelque peu améliorée quand il est devenu le partenaire de Mistinguett, à la ville comme à la scène, aux Folies-Bergère.

Il a ensuite conquis Londres, où son smoking et son canotier ont fait de lui un symbole de l’élégance française. C’est là que, repéré par un agent, il a pris le risque de tenter sa chance en Amérique. L’aventure, qui a duré sept ans, a été marquée par des films qui figurent en bonne place dans la courte liste des premiers succès du cinéma parlant et chantant. Le “gosse de pauvres” complexé par ses origines, tourmenté bien plus que ne le laisse penser son métier d’amuseur, est devenu une immense star des deux côtés de l’Atlantique.

Le piège de l’occupant et la rédemption tardive

En 1941, avant une tournée en zone libre, il prononce quelques mots devant un micro en ignorant qu’il s’agit de celui de Radio Paris, la voix officielle de l’occupant. Le piège tendu par la propagande allemande a parfaitement fonctionné. Pour une partie de la population et de la Résistance, il s’est mis au service des nazis. Au lendemain de la libération de Paris, un comité d’épuration va le blanchir. Il a été la victime d’une “fake news”, comme il aurait pu le dire en anglais avec cet accent “parigot” qui, lui aussi, fait partie de sa légende : l’accent de la sincérité.

Conclusion

Le documentaire “Rendez-vous with Maurice Chevalier” offre un aperçu fascinant du parcours extraordinaire de ce “môme de Ménilmontant” qui est devenu une légende de la chanson française et du cinéma. Il retrace la montée en puissance de Chevalier, depuis ses débuts modestes dans les cafés-concerts parisiens jusqu’à sa conquête de l’Amérique.

Le film aborde également la controverse entourant son implication présumée avec la propagande nazie, offrant une réflexion sur la manipulation de l’opinion publique et la difficulté de démêler le vrai du faux dans l’histoire. Chevalier, malgré cette période sombre, est blanchi par un comité d’épuration, mettant en lumière les dangers des “fake news” avant même que le terme ne soit couramment utilisé.

En résumé, “Rendez-vous with Maurice Chevalier” est un documentaire captivant qui mérite d’être regardé par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la musique et du cinéma français, ainsi qu’à l’impact social et politique des artistes.