Marie-Nicole Lemieux et la puissance de la voix: une leçon de chant inspirante.

Marie-Nicole Lemieux et la leçon de chant

Une interprétation impressionnante

Marie-Nicole Lemieux, célèbre contralto canadienne, nous offre un enregistrement très attendu. Celui-ci propose un couplage entre “Les Nuits d’été” d’Hector Berlioz et “Shéhérazade” de Maurice Ravel, deux œuvres emblématiques du répertoire du chant en langue française. Dès les premiers vers des poèmes de Théophile Gautier, la voix de Lemieux nous captive par sa diction remarquable et la beauté plastique de ses interprétations. Sa voix chatoyante, profonde et lumineuse brille de toute sa splendeur, captivant l’auditeur dès les premières notes. Chaque syllabe et inflexion du texte est exprimée avec un hédonisme et une lyrisme qui touchent profondément l’âme.

Cette interprétation mérite d’être comparée à celle gravée par la chanteuse après son triomphe au Concours Reine Élisabeth en l’an 2000. Bien que cette première version ait été accompagnée par Daniel Blumenthal au piano, on peut constater l’évolution remarquable de l’artiste, tant par l’envergure de sa voix que par son engagement musical. Chaque note est chantée avec bonheur et une passion communicative et galvanisante. Sa palette de couleurs vocales est désormais incroyablement riche.

Lemieux atteint de nouveaux sommets avec “Shéhérazade” de Ravel, où elle joue habilement sur la finesse et l’opulence de la séduction totale. On peut également souligner les affinités du chef d’orchestre Kazuki Yamada avec la musique française, dont il se montre un ardent défenseur. Dans son accompagnement de Marie-Nicole Lemieux, Yamada laisse la vedette au chant et dirige l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo avec sensibilité. L’orchestre, concentré et appliqué, offre une performance de haut vol, avec une mention spéciale pour les instruments à vent qui se distinguent particulièrement. La combinaison de ces talents nous offre une référence de premier ordre, qui n’a rien à envier aux interprétations légendaires de ces œuvres.

Une transition moins convaincante

Entre ces deux chefs-d’œuvre, on trouve les “Mélodies persanes” de Camille Saint-Saëns, présentées ici grâce au travail du Palazzetto Bru Zane. Comparées aux autres œuvres du programme, ces mélodies sont moins convaincantes. Bien que certaines d’entre elles offrent de beaux moments, comme la dernière mélodie “Tournoiement”, qui est rythmée et colorée, l’ensemble du cycle est inégal. L’orchestration semble parfois laborieuse et confirme l’idée d’un Saint-Saëns composant à la chaine. Cependant, le timbre solaire de Marie-Nicole Lemieux et les efforts de Kazuki Yamada pour donner vie à la partie orchestrale méritent d’être soulignés. Malgré cela, on peut trouver certaines parties de cette pièce moins intéressantes.

Un album à acquérir malgré tout

Malgré cette légère déception, l’acquisition de cet album reste fortement recommandée pour les magnifiques interprétations de Berlioz et de Ravel. Les mélodies persanes de Saint-Saëns peuvent être considérées comme un bonus bienvenu. La qualité du son et du livret est excellente, ce qui ajoute à l’attrait de cet enregistrement. Avec une note de 9 pour le son, le livret et l’interprétation, cet album est une référence incontournable pour les amateurs de musique classique et de chant.

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