L’octroi de subventions à Elon Musk : une affaire controversée

“Veut-on arroser Elon Musk de subventions ?” – Une conversation avec Gabriel Zucman

Introduction

Dans une récente interview avec Gabriel Zucman, l’un des coordinateurs du premier rapport mondial sur l’évasion fiscale, une question controversée a été posée : “Veut-on arroser Elon Musk de subventions ?”. Cette question soulève un débat important sur la manière dont les politiques fiscales internationales doivent être repensées à l’heure de la guerre climatique.

Une approche mondiale pour lutter contre l’évasion fiscale

Gabriel Zucman souligne la nécessité de développer une approche mondiale pour lutter contre l’évasion fiscale. Selon lui, de nombreuses politiques fiscales nationales favorisent les paradis fiscaux et les régimes fiscaux dérogatoires, ce qui ne fait qu’accroître les inégalités. Il propose donc de mettre en place une organisation mondiale similaire au GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour traiter de la question de l’évasion fiscale internationale.

Le besoin de données plus fiables

L’un des principaux obstacles dans l’étude de la fiscalité internationale est le manque de données fiables. Gabriel Zucman souligne que l’opacité financière reste un problème majeur, rendant difficile la collecte de données précises sur l’évasion fiscale. Cependant, il note qu’il y a eu une explosion de la recherche dans ce domaine, grâce à de nouvelles sources de données provenant notamment de l’échange automatique d’informations bancaires.

Les principaux constats du rapport

Dans le rapport, trois grands constats sont mis en avant. Le premier est la réduction de l’évasion fiscale offshore grâce à l’échange automatique de données bancaires. Le deuxième constat est la déception concernant la taxe mondiale minimum sur les multinationales de l’OCDE, qui selon Zucman a été vidée de sa substance. Enfin, le troisième constat concerne la proposition de mettre en place une taxe mondiale sur les milliardaires, qui pourrait générer d’importantes recettes fiscales.

Une taxe mondiale sur les milliardaires

Gabriel Zucman défend l’idée de mettre en place une taxe mondiale sur les milliardaires, à la fois pour des raisons de justice fiscale et pour générer des recettes supplémentaires. Il estime que cette taxe pourrait rapporter près de 250 milliards de dollars par an, ce qui pourrait contribuer de manière significative à la lutte contre le changement climatique.

Les obstacles à la mise en place d’une taxe sur les milliardaires

L’un des principaux obstacles à la mise en place d’une taxe sur les milliardaires est la résistance des élites politiques liées aux grandes fortunes. Cependant, Zucman souligne qu’il y a aussi des blocages liés à de fausses idées sur la faisabilité de cette taxe. Il rappelle que la concurrence fiscale entre les pays n’est pas une fatalité et que des mesures unilatérales peuvent être prises pour lutter contre l’évasion fiscale des grandes fortunes.

La concurrence fiscale et les subventions pour les industries vertes

Gabriel Zucman attire également l’attention sur une nouvelle tendance dans la fiscalité mondiale : la course aux exemptions fiscales et aux subventions pour les industries vertes. Il souligne que cette nouvelle forme de concurrence fiscale peut avoir des conséquences négatives sur les recettes fiscales des États. Il met en garde contre le fait de subventionner les grandes entreprises au détriment de l’égalité.

Le rôle de l’Union européenne dans la coordination fiscale

L’Union européenne joue un rôle contradictoire dans la coordination fiscale internationale. D’un côté, elle tente de lutter contre la concurrence fiscale préjudiciable entre les États membres, mais de l’autre elle permet la prolifération des régimes fiscaux préférentiels à l’intérieur de l’Union. Cela crée une concurrence fiscale néfaste qui nuit aux recettes fiscales de l’ensemble de l’Union.

Perspectives politiques pour l’avenir

Gabriel Zucman est optimiste quant à l’avenir de la fiscalité internationale. Il estime qu’il y a un momentum politique pour faire avancer les discussions sur la taxe mondiale sur les milliardaires et la taxe mondiale minimum sur les multinationales. Il pense que des progrès concrets peuvent être réalisés, en particulier si les pays évoluent unilatéralement vers ces dispositifs.

Conclusion

La question de savoir si l’on doit arroser Elon Musk de subventions soulève des questions fondamentales sur les politiques fiscales internationales. Alors que la guerre climatique exige un réexamen des ressources dont disposent les États, Gabriel Zucman plaide en faveur d’une approche mondiale pour lutter contre l’évasion fiscale et propose des mesures concrètes, telles qu’une taxe mondiale sur les milliardaires, pour générer des recettes fiscales suffisantes. Il souligne également la nécessité de repenser la concurrence fiscale internationale et d’éviter les subventions excessives pour les industries vertes. La mise en place d’une coordination fiscale internationale est un défi majeur, mais il estime qu’il y a un momentum politique favorable pour progresser dans ce domaine.