Dans les pas de “La Danseuse” : la vie mise en mouvement

La Danseuse : Patrick Modiano parle de ses débuts d’écrivain au contact d’une jeune danseuse

Patrick Modiano, célèbre écrivain français, publie son nouveau roman intitulé “La Danseuse” le jeudi 5 octobre. Dans ce roman, il raconte ses débuts en tant qu’écrivain au contact d’une danseuse. Ce récit des années de brouillard d’un jeune homme à l’aube de son art occupe une place particulière dans l’œuvre de Modiano.

Un roman d’apprentissage doux-amer

Dans “La Danseuse”, Patrick Modiano se raconte tel qu’il est aujourd’hui, perdu dans un Paris touristique qu’il ne reconnaît plus, mais submergé par les souvenirs du jeune auteur qu’il était, à la recherche de sa propre discipline et de son style d’écriture. Les visages, les noms, les bribes de discussion reflètent la difficulté persistante de l’acte d’écrire et construisent pas à pas un beau roman d’apprentissage doux-amer. L’auteur exprime cette expérience avec une belle métaphore : “Il était fatal qu’un jour ou l’autre la glace fonde et que ces images réapparaissent comme remontent les noyés à la surface de la Seine.”

Les nombreux visages du narrateur

Qui est ce narrateur qui travaille sur les romans des autres dans une chambre mal chauffée près de la Madeleine ? Est-il Pierre, un petit garçon timide dont le narrateur garde un tendre souvenir alors qu’il était “endormi, le front appuyé contre le bras du fauteuil” ? Ou bien est-il la mère de Pierre, une danseuse classique rencontrée lors d’un dîner-spectacle près du boulevard Pereire ? Cette femme courageuse, issue d’un milieu interlope dont elle cherche à se libérer à force de travail, élève son enfant dont le père a disparu. Elle joue sa vie dans les “odeurs de vieux bois, de lavande et de sueur” du studio Wacker de la place de Clichy, où elle apprend avec douleur sa discipline et sauve sa peau.

Le temps précieux du songe et de l’introspection

Patrick Modiano est probablement un peu tous ces personnages à la fois, marchant aux côtés d’eux dans un compagnonnage silencieux. Il fait comprendre que “Il faut marcher à pas comptés pour déjouer le désordre et les pièges de la mémoire”. L’auteur ressasse, répète et réinterprète les choses déjà écrites qui reviennent sans cesse, comme des refrains. Dans “La Danseuse”, on retrouve des lieux familiers, tels que Saint-Leu-la-Forêt, et on recroise la mystique Madeleine Perraut. Le roman est baigné d’une pénombre singulière, qui est chère à Modiano, cet “entre chien et loup” qui permet le précieux temps du rêve et de l’introspection. Le récit déploie avec facilité la marche délicieuse de la mémoire de l’auteur, en harmonie avec la danseuse. Selon Modiano, au début, il avait du mal à la suivre, mais il finissait par s’habituer à son rythme, et peu à peu le sentiment de vide et de stagnation qu’il ressentait à certains moments disparaissait. C’était comme si elle l’aidait à remonter à la surface.

Quand la danse et l’écriture se rejoignent

Dans ce roman empreint d’une mélancolie délicate, la danse et l’écriture se rejoignent finalement. Elles sont sœurs de patience et de douleur rentrées, mais aussi d’excellence. Comme le dit Modiano : “Tant de travail pour donner l’illusion que l’on s’envole sans effort à quelques mètres du sol”. “La Danseuse” nous plonge dans l’univers de l’apprentissage de Modiano, dans ses doutes et ses efforts pour trouver sa voie en tant qu’écrivain, tout en illustrant avec subtilité la puissance de l’art de la danse.

Mots-clés : Danse, biographie, film, danseuse, mouvement, vie