Le documentaire sur Jean-Yves Le Drian : une défense autorisée qui manque d’un débat contradictoire
Le documentaire de Patrice Duhamel et Gabriel Le Bomin intitulé « En guerres, Jean-Yves Le Drian témoigne », diffusé par France 5, est un plaidoyer pro domo en faveur de l’ex-ministre de la défense et des affaires étrangères de la France pendant une décennie. Le film, qui manque d’un débat contradictoire, passe en revue les moments forts de la carrière de Jean-Yves Le Drian qui, soldat ou diplomate, a constamment recouru à l’instrument militaire, bien plus que tout autre ministre de la défense ou des affaires étrangères de la Vème République.
Un bilan en contrastes
Bien que le documentaire soit un bilan de la carrière de Jean-Yves Le Drian, les réalisateurs évitent à juste titre de dresser un portrait flatteur des activités de l’homme politique, soulignant plutôt les échecs les plus graves de sa mandature. Par exemple, l’intervention de la France au Mali en 2013, sous l’égide de l’opération « Serval », était une réponse à l’imminence de la capture de Bamako par les djihadistes. Cette opération a été un succès éclatant, en contraste avec l’assistance française prolongée qui s’en est suivie. Selon le documentaire, le fait que la France soit restée trop longtemps au Mali et la passation du relais à l’opération « Barkhane » en 2014 ont entraîné une délégation aux mercenaires russes du Groupe Wagner, qui a pris la relève de la France en 2022. Par conséquent, l’opération « Barkhane » a été un échec flagrant pour Jean-Yves Le Drian, qui a également attesté d’une aggravation des troubles en Afrique qui a causé la détérioration de l’influence politique de la France sur le continent.
De même, les documentaristes soulignent également l’erreur de Barack Obama de ne pas intervenir en Syrie en 2013, après l’utilisation de l’arme chimique par Bachar Al-Assad contre son propre peuple. En revanche, le film évoque la guerre contre Daech et l’opération « Sentinelle », tout comme les ventes de Rafale et la déconvenue de l’annulation du contrat de sous-marins vendus à l’Australie. Toutefois, ces réussites techniques ne suffisent pas à compenser les échecs spectaculaires et les coûts démesurés des guerres menées à l’étranger.
Les leçons à tirer des échecs
Au cours de sa carrière, Jean-Yves Le Drian a éprouvé un trop grand niveau de confiance en lui-même et tendance à faire preuve de la même insistance à l’étranger que la plupart d’autres leaders de la diplomatie occidentale. Malheureusement, son surmenage lui a souvent rendu impossible de pouvoir apprendre les leçons importantes et se remettre en question.
Il est peut-être vrai que les guerres perdues à l’étranger ont coûté cher à la France et à d’autres nations. Pourtant, il est également vrai que ces guerres ont impliqué des souffrances humaines incommensurables pour les populations directement ou indirectement affectées par ces conflits. Il est temps de comprendre que les victimes de ces guerres sont bien plus nombreuses que le nombre de pertes militaires ou des pertes financières. Il ne faut donc pas tenir pour acquis les activités de poursuite militaire comme un choix optimal.
En fin de compte, le documentaire « En guerres, Jean-Yves Le Drian témoigne » est instructif et bien produit. Toutefois, il est important de prendre en considération l’équilibre critique nécessaire pour comprendre la totalité de la carrière de l’homme politique. Les réalisateurs devraient travailler encore plus pour que le débat contradictoire soit plus présent dans leurs productions à venir.
<< photo by Dylan Spangler >>
You might want to read !
- Témoignage exclusif de Jean-Yves Le Drian : Les coulisses de la diplomatie française
- Les défis de l’organisation d’un concert de Beyoncé à Marseille.
- « En guerres, Jean-Yves Le Drian témoigne » : Retour sur le parcours du soldat français et de son ministre de la Défense
- Eva Longoria : une actrice déterminée à faire évoluer la représentation des minorités dans l’industrie du divertissement, en utilisant Desperate Housewives comme tremplin.