Marseille : La CRS 8, une présence répressive inefficace face aux problèmes de la ville

La présence répressive de la CRS 8 remise en question à Marseille

Un renfort de CRS inefficace selon la police et les acteurs associatifs

La multiplication des règlements de comptes à Marseille, liée au trafic de drogue, a conduit le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, à annoncer le déploiement de la CRS 8 dans les quartiers Nord de la ville. Cependant, cette décision ne convainc ni les policiers ni les habitants, qui estiment qu’elle ne résoudra pas les problèmes de trafic de stupéfiants à Marseille.

Depuis le début du mois, douze personnes ont perdu la vie lors de fusillades liées au narcotrafic à Marseille. La préfète de police des Bouches-du-Rhône met en cause la rivalité entre deux bandes de narcotrafiquants, « Yoda » et « DZ Mafia ». Ces deux points de vente de drogue sont situés dans le quartier de la Paternelle, dans le 14e arrondissement de la ville.

Le déploiement de la CRS 8, annoncé par Gérald Darmanin, n’est pas une solution inédite. En effet, cette unité avait déjà été envoyée deux fois depuis février dernier. Malgré cela, la violence et le trafic de drogue persistent. Les critiques considèrent donc cette mesure comme une simple tentative de communication pour apaiser les tensions, sans réellement résoudre le problème.

Le manque de moyens pour combattre les réseaux de trafic de drogue

Les policiers et les acteurs associatifs des quartiers Nord de Marseille doutent de l’efficacité de la CRS 8 dans la lutte contre les réseaux de trafic de drogue. Selon Rudy Manna, ancien secrétaire départemental des Bouches-du-Rhône d’Alliance et aujourd’hui porte-parole national du syndicat policier, augmenter les effectifs ne signifie pas nécessairement mettre fin aux trafics. Il estime que le déploiement de la CRS 8 est une tentative de calmer la douleur sans résoudre réellement le problème.

Hassen Hammou, fondateur du collectif Trop jeune pour mourir, exprime également des doutes quant à l’efficacité de cette mesure. Il considère qu’il s’agit d’une opération éphémère dans une cité et d’une solution utopique pour mettre fin aux règlements de comptes.

Bruno Bartocetti, secrétaire national Unité SGP Police-FO, souligne que la CRS 8 est une solution intéressante pour apaiser la situation à court terme, mais elle ne peut pas régler durablement la problématique du trafic de drogue à Marseille. Il estime que pour combattre ces réseaux, il est nécessaire de mettre les moyens nécessaires et de s’engager dans un travail de prévention en amont.

Remettre en question la présence répressive et privilégier la prévention

La présence répressive de la CRS 8 à Marseille est remise en question par les acteurs locaux. Ils estiment qu’elle ne peut pas résoudre les problèmes structurels liés au trafic de drogue dans la ville.

Selon Rudy Manna, la ville de Marseille est trop vaste pour que la police puisse être présente en permanence derrière chaque individu. Il considère donc qu’il est nécessaire de privilégier un vrai travail de prévention en amont, en se rendant notamment dans les écoles.

Hassen Hammou abonde dans le même sens en affirmant qu’il faut s’attaquer aux causes profondes du problème et démanteler tout le système lié au trafic de drogue à Marseille. Il estime qu’il est important de s’interroger sur les raisons qui poussent certains jeunes des quartiers populaires à se tourner vers le trafic de drogue, telles que le chômage et le décrochage scolaire.

Bruno Bartocetti conclut en affirmant que le constat actuel est sombre et qu’il sera encore plus sombre à la fin de l’année. Il est donc essentiel de repenser les stratégies de lutte contre le trafic de drogue à Marseille et d’envisager des actions plus globales et préventives.

Conclusion

Malgré le déploiement à plusieurs reprises de la CRS 8 à Marseille, les problèmes de trafic de drogue et de règlements de comptes persistent. Les critiques soulignent que cette mesure, bien qu’utile à court terme pour apaiser la situation, ne permet pas de résoudre les problèmes structurels liés au trafic de drogue dans la ville. Ils plaident en faveur d’un travail de prévention en amont, qui prendrait en compte les causes profondes du phénomène et s’attaquerait à l’ensemble du système. Il est essentiel de repenser les stratégies de lutte contre le trafic de drogue à Marseille et d’envisager des solutions plus globales et préventives.