“Marion Maréchal aux Européennes : l’échec d’Eric Zemmour le mène à la fuite”

Marion Maréchal mènera la liste Reconquête pour les européennes

Un viriliste obstiné

L’annonce d’Eric Zemmour dans Le Figaro est empreinte d’une certaine sombritude : “Marion Maréchal conduira la liste Reconquête pour les européennes“. Pas un compliment, si ce n’est un simple “elle a du talent”. On a connu le polémiste plus louangeur, voire plus lyrique. Il faut dire que lui, l’adepte de la virilité affirmée, laisse à une femme, Marion Maréchal, la place de premier combattant ! Cela ne semble pas le ravir ! Sa photo en tête de page est tristement mélancolique. Le souverainisme est souvent funèbre et son leader, battu à l’élection présidentielle et essuyant une défaite cuisante aux législatives, incarne plus que jamais le choc de ce déclin tant de fois prophétisé.

Toujours les mêmes obsessions pour Zemmour

Les bras croisés devant ses livres, au fond, Zemmour reste un essayiste… Le visage maigre, voire émacié. On se remémore Jacques Chirac, désespéré devant la maigreur de son collaborateur et ami Alain Juppé, lui répétant sans cesse : “il faut grossir si vous voulez avoir un destin !”. Hélas… Dans l’esprit de l’ancien président, prendre du poids était synonyme d’empathie, de côté social, de souci pour l’autre. Ce dont l’ex-candidat de droite extrême, défait à l’élection présidentielle, ne fait aucunement mention, obsédé qu’il est par sa xénophobie. Dans son dernier livre (“Je n’ai pas dit mon dernier mot” Editions Rubenpré), il attribue principalement son échec aux médias qui l’auraient piégé, lui qui est pourtant un adepte des médias. Il ne comprend pas que ce qui lui a véritablement manqué, et continue de lui manquer, c’est le cœur. S’il bat pour les autres, cela ne se voit pas, cela ne s’entend pas. Sa générosité est réservée à une abstraction, la France. Mais pour les Français… le voilà qui renonce à mener la bataille européenne, qu’il a tant de fois qualifiée d'”essentielle”. Plus question de monter sur le cheval de bataille du souverainisme, trop repoussant pour l’électorat en général, et particulièrement pour les zemmouristes bourgeois. Pour ce rendez-vous de juin prochain, il utilise l’occasion unique de “faire basculer le Parlement européen à droite” en transformant cette échéance en “référendum contre l’immigration”. Son mouvement va ainsi tambouriner contre “le Grand Remplacement” en… Occident. Cela ne servira, une fois encore, qu’à rabattre des électeurs vers le parti lepéniste ! Comme pour l’élection présidentielle, Reconquête ! ne servira, pour reprendre l’expression de Zemmour, que d'”idiot utile” à Marine Le Pen !

Zemmour face aux trentenaires

Le Figaro, son ancien journal, veut voir dans cette retraite face à l’élection européenne “un rebond”. Un rebond en arrière, oui ! Son retrait est une manière pour le moins curieuse, voire lâche, de “chef”. “Marchons ! Marchons !” proclame-t-il, alors qu’il lui-même recule ! Cela présente forcément le risque d’être supplanté par une Le Pen, en l’occurrence Marion, qui ne lui avait cependant rien apporté lorsqu’elle l’avait rejoint dans la campagne présidentielle. Face à d’autres acteurs de second plan dans la trentaine – François-Xavier Bellamy (LR), Raphaël Glucksmann (Place publique-PS), Marie Toussaint (Verts) – qui savent aussi jouer avec les médias, il n’est pas certain que Marion Maréchal fera mieux que les 7% obtenus par Eric Zemmour au premier tour de l’élection de 2022. Pire pour Reconquête, Jordan Bardella, président du RN, n’est âgé que de 27 ans et il en est déjà à sa deuxième campagne européenne. Il gagne en confiance et en poids politique. En 2019, il avait terminé premier de l’élection avec 23% des voix. Eric Zemmour, aurait-il pu l’affronter lui-même avec panache ?