Mali : la prise d’une ville clé précipite le pays dans la tourmente.

Mali : des groupes armés revendiquent la prise d’une ville clé après de violents combats

Situation actuelle

Des groupes armés du nord du Mali ont revendiqué la prise de la ville clé de Bourem, suite à des combats violents avec l’armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner. Cette opération confirme les craintes de reprise des hostilités entre ces groupes armés et l’État central. Le Cadre stratégique permanent, une alliance de ces groupes armés, avait signé un accord de paix avec l’État malien en 2015, mais la situation est devenue de plus en plus tendue ces derniers mois.

Échec de l’accord de paix de 2015

L’accord de paix de 2015, signé entre une alliance de groupes armés à dominante touareg, le gouvernement malien et des groupes armés loyalistes, semble avoir échoué. Bien que les groupes à dominante touareg aient accepté un cessez-le-feu en 2014, les djihadistes ont continué à combattre l’État central et toute présence étrangère, sous la bannière d’Al-Qaïda et de l’État islamique. Cette situation a entraîné une propagation jihadiste dans le nord du Mali, ainsi que dans les pays voisins tels que le Burkina Faso et le Niger.

Escalade des tensions

Ces dernières semaines, les rivalités entre les différents groupes armés se disputant le contrôle du territoire malien se sont intensifiées. Les multiples acteurs armés, composés de groupes djihadistes, de l’armée malienne et de groupes armés touareg, se sont affrontés dans les régions désertiques et semi-désertiques du nord du pays, ainsi que dans les régions de Tombouctou et Gao. Cette escalade a conduit à une série d’attaques et d’accrochages entre l’armée et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Conséquences du départ des forces étrangères

Cette escalade survient dans un contexte de reconfiguration sécuritaire dans le nord du Mali, suite au départ de la force anti-djihadiste française en 2022 et en cours de la mission de l’ONU (Minusma), toutes deux poussées vers la sortie par la junte malienne. La coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) refuse de rétrocéder ses camps aux autorités maliennes, arguant des arrangements de 2014 et 2015 selon lesquels ces zones devraient revenir sous son contrôle. La junte, quant à elle, s’est fixée comme objectif de rétablir la souveraineté de l’État, un objectif qui se heurte aux différents groupes armés qui contrôlent de vastes étendues de territoire.

Éditorial

La reprise des combats entre les groupes armés et l’État central au Mali est un rappel brutal de la fragile situation de paix dans le pays. Malgré la signature de l’accord de paix en 2015, les tensions n’ont jamais vraiment disparu, et la situation sécuritaire s’est aggravée avec l’essor des groupes djihadistes et le départ des forces étrangères.

Il est impératif que toutes les parties prenantes s’engagent à nouveau dans un processus de paix véritablement inclusif et durable. Il est nécessaire d’impliquer les groupes armés, la société civile et les différentes communautés du Mali dans ce processus. Un dialogue ouvert et honnête est nécessaire pour surmonter les divergences et trouver des solutions aux problèmes sous-jacents qui alimentent les conflits.

Il est également essentiel que la communauté internationale continue de soutenir le Mali dans ses efforts pour rétablir la paix et la stabilité. Les interventions militaires seules ne suffiront pas à résoudre les problèmes profonds qui affligent le pays. Il est nécessaire de soutenir le développement économique, social et politique du Mali afin de créer des opportunités pour tous et de réduire les inégalités qui alimentent les tensions.

Conseil

Pour mettre fin aux cycles de violence et d’instabilité au Mali, il est essentiel de s’engager dans une approche holistique et à long terme. Voici quelques recommandations clés :

1. Dialogue inclusif

Il est crucial de faciliter le dialogue et la négociation entre les différents groupes armés, l’État malien et la société civile. Toutes les parties prenantes doivent être impliquées dans le processus de paix afin de garantir des résultats durables.

2. Soutien au développement

Il est essentiel d’investir dans le développement économique et social du Mali, en particulier dans les régions touchées par les conflits. Cela permettra de créer des opportunités d’emploi, de réduire les inégalités et de renforcer la cohésion sociale.

3. Lutter contre l’extrémisme violent

Il est impératif de mettre en œuvre des mesures efficaces pour lutter contre l’extrémisme violent. Cela comprend la promotion de l’éducation, la sensibilisation communautaire, la réforme du secteur de la sécurité et la promotion des droits de l’homme.

4. Renforcement des capacités

Il est nécessaire de renforcer les capacités des institutions maliennes, notamment le secteur de la sécurité, afin de mieux répondre aux défis de sécurité et de fournir des services de base à la population.

5. Implication de la communauté internationale

La communauté internationale doit continuer à soutenir le Mali dans ses efforts de stabilisation. Cela inclut une assistance humanitaire, un soutien financier et technique, ainsi qu’une coordination efficace entre les différents acteurs internationaux engagés dans la région.

En adoptant une approche holistique qui combine l’action militaire avec des mesures politiques, économiques et sociales, il est possible de construire un avenir pacifique et prospère pour le Mali. Cela nécessite l’engagement et la coopération de toutes les parties prenantes, nationales et internationales.