L’ostéopathie en question : enquête sur les controverses et les enjeux.

Un rapport alarmant sur l’ostéopathie en France

Le récent rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a semé le doute sur la qualité de la formation des ostéopathes non médecins ni kinésithérapeutes ainsi que sur l’efficacité de cette pratique. Le rapport fait également mention du risque de dérives sectaires. La concentration d’ostéopathes en France est impressionnante avec 42 pour 100 000 habitants, soit cinq fois plus qu’en Allemagne. Pourtant, comme l’explique Jean-Pierre Marguaritte, ostéopathe et expert de justice, cette croissance est en grande partie liée à l’ouverture d’un marché très rentable, ainsi qu’à une faible exigence en termes de formation.

Les causes de la croissance de l’ostéopathie en France

La reconnaissance de l’ostéopathie en France en 2002 a engendré l’ouverture d’un marché vierge et très rentable. Les écoles d’ostéopathie, pour la plupart privées, se sont multipliées, passant de 17 en 2002 à 74 en 2021, dont 30 sont autorisées à enseigner cette pratique. La voie d’accès aux professions de santé ayant été renforcée par le PACES, de nombreux étudiants en échec se sont orientés vers ces écoles. En novembre 2014, un décret a fixé un référentiel de formation pour les écoles d’ostéopathie, mais le contrôle de cette formation reste encore insuffisant. Le marché de l’ostéopathie en France a été bouleversé en novembre 2020 par le rachat de plusieurs écoles par un groupe financier, pour un montant de 200 millions d’euros.

Le risque de dérives sectaires

Plusieurs écoles d’ostéopathie ont été contrôlées par un membre de la Commission d’agrément, qui a des liens avec le groupe financier qui a racheté plusieurs établissements en 2020. Cinq écoles ont perdu leur agrément et ont entamé des poursuites judiciaires pour conflit d’intérêts. Le plus inquiétant est que cette personne a été élue président de l’Osteopathic International Alliance (OIA), une organisation chapeautée par l’Association d’Ostéopathie Internationale (AOA). Le risque de dérives sectaires dans la pratique de l’ostéopathie est bien réel.

Un manque d’efficacité de l’ostéopathie ?

Le rapport de l’IGAS semblerait remettre en cause l’efficacité de la pratique ostéopathique. En effet, une étude réalisée en milieu hospitalier sur 400 patients, avec le soutien financier du Ministère de la Santé et des Solidarités et publiée dans la revue américaine JAMA, a montré une inefficacité de l’ostéopathie sur le retentissement de la lombalgie sur les activités de la vie quotidienne. Cependant, Jean-Pierre Marguaritte souligne que cette étude a été réalisée sur des patients souffrant de lombalgies chroniques et que le peu de résultats obtenus ne remet pas en cause les principes et pratiques de l’ostéopathie.

Les avantages de la pratique ostéopathique

Les troubles fonctionnels chroniques touchent la grande majorité des personnes et font le lit de maladies métaboliques et invalidantes coûteuses. L’ostéopathie peut aider à répondre avec efficacité à ces troubles, mais pour cela, un réel changement de mode de vie doit être impulsé chez le patient. Les gestes ostéopathiques sont un accélérateur de guérison et un guide, mais le veritable travail consiste à aider le patient à comprendre les liens entre son trouble et son mode de vie. La pratique de l’ostéopathie peut évoluer pour répondre avec efficacité aux troubles fonctionnels chroniques, comme l’insiste Jean-Pierre Marguaritte.

En conclusion, l’ostéopathie est sur la sellette en France, à cause d’un manque de contrôle de la formation et de possibles dérives sectaires. Cependant, cette pratique reste efficace pour répondre aux troubles fonctionnels chroniques. À l’heure où la médecine occidentale est critiquée pour ses méthodes trop agressives et pharmacologiques, l’ostéopathie offre une alternative douce et respectueuse de l’individu. Il est donc primordial pour les autorités compétentes de mieux réguler cette pratique en France.