Le titre en français : “Élections en Espagne : Pedro, le Premier Ministre donné perdant, résiste-t-il à la perte de pouvoir ?”

Les élections législatives en Espagne : le paradoxe de l’économie

Une économie en plein essor

Malgré les prévisions pessimistes pour le gouvernement sortant lors des élections législatives en Espagne ce dimanche 23 juillet, il est paradoxal de constater que l’économie nationale affiche des résultats encourageants en termes de croissance, d’emploi et d’inflation. En effet, l’Espagne a réussi à retrouver son niveau de richesse d’avant la pandémie au début de l’année 2023, avec une progression de 0,6 % de son PIB au premier trimestre, selon l’INE, l’Insee espagnol. De plus, Madrid se classe parmi les pays européens en tête du classement de croissance de la zone euro, une victoire remarquable pour un pays dont le PIB avait connu la plus forte baisse au sein de l’Union européenne en 2020, avec une chute de près de 11 %.

Selon les prévisions de l’OCDE, l’Espagne devrait connaître une croissance d’environ 1,5 % en 2023, tandis que la Banque d’Espagne prévoit une croissance de 2,3 % et le gouvernement a établi son budget sur une hypothèse de 2,1 %. Le plan de relance espagnol, alimenté par les fonds européens pour un montant de 140 milliards d’euros, commence également à porter ses fruits. La Banque d’Espagne prévoit une augmentation de l’activité de 2,2 % en 2024, puis de 2,1 % en 2025.

Création d’emplois et stabilité

En ce qui concerne l’emploi, l’Espagne a créé 426 000 emplois à temps plein au premier trimestre de cette année, pour un total de 1,3 million de postes depuis la fin de la pandémie. Alain Henriot, responsable des études économiques à la Banque postale, souligne toutefois qu’il faut rester prudent, car il pourrait s’agir d’un “effet de rattrapage” lié notamment à la reprise du tourisme, qui avait été fortement impacté par la crise sanitaire. Néanmoins, le taux de chômage est stabilisé depuis le printemps 2022 et le niveau de l’emploi dépasse même les niveaux d’avant la crise sanitaire, notamment dans les secteurs des services.

Un reflux de l’inflation

Malgré ces bonnes nouvelles, on observe cependant une accalmie sur le front de l’inflation, qui avait fortement impacté le pays via les prix de l’énergie. Après une hausse des prix qui avait culminé à 10,8 % sur un an en juillet 2022, on observe désormais une nette baisse, avec une inflation à 3,2 % en mai sur un an, principalement due au tassement des prix de l’énergie.

Les défis à relever

Malgré ces résultats satisfaisants, l’Espagne n’est pas encore sortie de l’auberge. Selon Alain Henriot, un expert de la Banque postale, la dette publique du pays ne tombera pas en dessous de 100 % du PIB d’ici 2026, et le déficit public ne sera réduit à moins de 3 % du PIB qu’à la fin de la même année. De plus, les taux d’intérêt de l’Espagne sur les marchés ont récemment dépassé ceux du Portugal, ce qui montre une certaine prudence des investisseurs, à la fois en raison de la soutenabilité des finances publiques et de la situation politique et institutionnelle du pays.

Editorial : Des élections à enjeux multiples

Un pari risqué pour Pedro Sanchez

Les élections législatives en Espagne ont pris une dimension particulière cette année, alors que le Premier ministre sortant, Pedro Sanchez, est donné perdant malgré le bilan économique qu’il peut présenter. Cette situation semble relever d’un pari risqué de la part de Sanchez, qui a jugé nécessaire d’organiser des élections anticipées dans le but de renforcer sa position et de consolider son pouvoir. Cependant, la prudence des investisseurs et les incertitudes politiques et institutionnelles liées à la crise catalane de 2019 semblent jouer en sa défaveur.

Une opportunité pour Vox

Ces élections législatives pourraient également constituer une opportunité pour Vox, un parti d’extrême droite en Espagne, qui cherche à “mettre Pedro Sanchez dehors”. Le parti a réussi à gagner du terrain ces dernières années et il pourrait profiter de la situation politique actuelle pour renforcer sa position et influencer les décisions futures du gouvernement.

Conseils pour l’avenir

Consolider les acquis économiques

Malgré les défis qui attendent l’Espagne, il est crucial que le prochain gouvernement travaille à consolider les acquis économiques du pays. La mise en œuvre du plan national de relance et de résilience sera essentielle pour maintenir une croissance soutenue et une création d’emplois continue. De plus, il sera indispensable de maîtriser l’inflation et d’absorber le revirement de la politique monétaire de la BCE afin d’éviter toute perturbation économique.

Résoudre les problèmes politiques

En parallèle, il est primordial de résoudre les problèmes politiques qui suscitent des inquiétudes au sein des investisseurs. La stabilité politique et institutionnelle est un facteur clé pour attirer les investissements et stimuler la confiance des marchés. Des dialogue et des actions concrètes doivent être engagés pour résoudre la crise catalane et renforcer l’unité du pays.

Planification financière rigoureuse

Enfin, il est essentiel que le gouvernement espagnol continue de planifier ses finances avec rigueur et de contrôler sa dette publique, afin d’assurer la stabilité financière du pays. Une gestion efficace des dépenses publiques et une réduction du déficit sont des mesures nécessaires pour garantir la confiance des investisseurs et maintenir des taux d’intérêt favorables.

En conclusion, les résultats économiques encourageants de l’Espagne ne peuvent pas être ignorés, malgré la perspective incertaine des élections législatives. Il est crucial que le prochain gouvernement tire parti de ces réussites économiques, tout en restant vigilant face aux défis financiers à relever. Une résolution des problèmes politiques et une planification financière rigoureuse seront des éléments essentiels pour maintenir la trajectoire positive de l’économie espagnole.