Corrigé de l’explication de texte de l’épreuve de philosophie du baccalauréat
L’ingéniosité technique selon Claude Lévi-Strauss
Dans cet extrait de l’ouvrage “La Pensée sauvage” de Claude Lévi-Strauss, l’auteur analyse la différence entre la pratique du bricoleur et celle de l’ingénieur. Lévi-Strauss met en évidence les aptitudes spécifiques du bricoleur, son mode opératoire, ainsi que la spécificité des instruments qu’il utilise. Selon lui, la technologie, associée à l’ingénieur, se réfère au savoir appliqué pour modifier le réel à partir de la science, tandis que l’habileté du bricoleur est d’une autre nature.
Les différences entre le bricoleur et l’ingénieur
Pour caractériser le bricoleur et le distinguer de l’ingénieur, Lévi-Strauss propose deux paramètres : les modalités du savoir-faire et les outils utilisés. Le bricoleur agit par tâtonnements et approximations empiriques, ne reposant pas sur un savoir prédéterminé. En revanche, l’ingénieur utilise une science a priori et des instruments construits sur mesure selon son projet.
La valeur du bricolage
Lévi-Strauss souligne que la pratique du bricoleur est souvent appréhendée à partir du manque ou du défaut, tels que le manque de précision et d’efficacité, ou le défaut de méthode. Cependant, il importe de considérer le bricolage du point de vue de la différence plutôt que du défaut. Par ailleurs, l’auteur souligne la polyvalence du bricoleur, qui est capable d’exécuter un grand nombre de tâches diversifiées.
Les instruments du bricoleur
Lévi-Strauss met en avant la spécificité des instruments du bricoleur, qui diffèrent des instruments de l’ingénieur. Les instruments de l’ingénieur sont pensés et produits en vue d’un projet défini au préalable, alors que ceux du bricoleur sont des objets hétéroclites, de récupération, adaptés aux nouveaux contextes. Les instruments du bricoleur sont déjà présents dans son stock, antérieurs au projet de construction ou de réparation. Ces objets, même s’ils sont détournés et ouverts aux possibles, conservent les marques de leurs usages précédents.
La créativité du bricoleur
L’ingéniosité du bricoleur réside dans sa capacité à créer avec les matériaux à sa disposition. Lévi-Strauss estime que le bricoleur tient à la fois du technicien et de l’artiste. Sa pratique est à la fois technique, artistique, pragmatique et imaginative. En réutilisant des objets et des matériaux, il produit du possible et de l’imaginaire. Le bricolage, pour Lévi-Strauss, est un acte de résistance face à la société de gaspillage.
Éditorial : Le bricolage comme pratique créative et résistante
Le texte de Claude Lévi-Strauss nous invite à réfléchir sur la valeur du bricolage en comparaison avec la technologie. Alors que la technologie se base sur des connaissances scientifiques préétablies et des instruments spécifiques, le bricoleur agit avec ingéniosité à partir de son stock d’objets hétéroclites. Cette pratique spontanée et créative représente une forme de résistance à notre société de gaspillage.
Il est souvent tentant de considérer le bricolage comme quelque chose de limité, de moins précis ou moins efficace que la technologie. Cependant, Lévi-Strauss nous fait prendre conscience que le bricoleur a sa propre manière de travailler, basée sur l’adaptation de matériaux et d’objets déjà existants. Cette dimension de recyclage et de réutilisation offre une perspective différente et créative par rapport à l’approche plus normative et préconçue de l’ingénieur.
Le bricoleur se révèle être un véritable touche-à-tout, capable d’exécuter une variété de tâches diversifiées. Sa pratique repose sur une approche empirique, basée sur l’expérience et la flexibilité plutôt que sur un savoir préétabli. Cette polyvalence lui permet de faire beaucoup avec peu, et de résister à la spécialisation excessive qui peut caractériser notre société contemporaine.
Le bricolage, loin d’être une simple routine mécanique, est une véritable forme d’art qui mêle pragmatisme et imagination. En donnant une nouvelle fonctionnalité aux objets détournés, le bricoleur crée du possible et de l’imaginaire. Sa pratique fait également écho à une démarche écologique, en favorisant la réutilisation et la réduction des déchets.
Conseil : Encourager la créativité et le bricolage
Face à une société souvent axée sur la consommation et la technologie de pointe, il est important de reconnaître la valeur du bricolage et de la pratique créative. Encourager les élèves à développer leur capacité d’adaptation, d’improvisation et de réutilisation peut les aider à envisager des solutions innovantes et durables.
Le bricolage peut être une source d’émancipation, permettant à chacun de développer ses propres compétences et de se libérer des normes préétablies. Il est essentiel de valoriser cette forme d’intelligence pratique et de reconnaître la créativité du bricoleur.
En intégrant des activités de bricolage et en fournissant des ressources variées aux élèves, les écoles peuvent favoriser le développement de compétences transversales telles que la résolution de problèmes, la pensée critique et l’innovation. Ces compétences sont essentielles pour répondre aux défis de notre société en constante évolution.
En somme, le bricolage est bien plus qu’une simple activité manuelle. C’est une pratique riche, créative et résistante, qui mérite d’être encouragée et valorisée.
<< photo by Yaroslav Shuraev >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.
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