L’Everest : une conquête mythique devenue une réalité tragique
Un bilan meurtrier
La célébration du 70e anniversaire de la première ascension de l’Everest par Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay a été ternie par un triste bilan. En effet, cette saison a été la plus meurtrière de l’histoire de l’ascension de la montagne la plus haute du monde. Dix-sept alpinistes ont perdu la vie, emportés par le mal aigu des montagnes, le froid, les chutes, l’épuisement et les avalanches.
Cette montagne sacrée, également connue sous le nom de mont Sagarmatha, culmine à 8 849 mètres et est considérée comme la “déesse des dieux”. Cependant, selon les professionnels, l’affluence croissante sur l’Everest met en péril la sécurité des grimpeurs. Cette année, les autorités népalaises ont délivré un nombre record de 478 permis d’ascension à des étrangers, accompagnés de sherpas locaux. Cette activité génère des revenus considérables pour le Népal, fortement dépendant du tourisme, avec un prix moyen de 10 000 euros par permis et une dépense moyenne de 50 000 euros par expédition.
Un camp de base surpeuplé et pollué
Avec 35 000 visiteurs cette année, le camp de base de l’Everest, situé à 5 364 mètres d’altitude sur un glacier, est devenu une véritable attraction touristique. Certains alpinistes pressés ont même recours à des hélicoptères, ce qui a déjà entraîné un crash tragique faisant six victimes supplémentaires.
Le camp de base, autrefois symbole de la solitude et de l’isolement au milieu des montagnes, est aujourd’hui surpeuplé et commercialisé. On y trouve même une boîte de nuit, selon les dires de Karma Tenzing, alpiniste et cofondateur de l’agence Into the Himalaya. Cette surpopulation entraîne de nombreux problèmes tels que les vols de matériel, la pollution sonore due aux fréquents survols d’hélicoptères, ainsi que la présence de publicités sur les tentes.
Malgré les efforts de nettoyage menés par l’armée et les sherpas, l’intense activité sur l’Everest entraîne également une pollution croissante. Les déchets humains sont régulièrement déversés dans la vallée et peu de grimpeurs respectent la règle qui leur impose de ramener 4 kg de déchets. Les tentes, endommagées par les rafales de vent, jonchent les alentours en lambeaux. De plus, les corps des alpinistes décédés, impossibles à transporter, restent figés dans la neige, augmentant le spectacle macabre de cette montagne mythique.
Des alpinistes inexpérimentés et des embouteillages meurtriers
En théorie, il est nécessaire d’avoir gravi un sommet de 7 000 mètres pour pouvoir se mesurer à l’Everest. Cependant, dans la réalité, certains alpinistes manquent d’expérience mais refusent de renoncer à la glorieuse photo au sommet. Selon Karma Tenzing, les alpinistes les moins expérimentés rencontrent des difficultés lors de la descente en raison de l’épuisement. Cela entraîne des embouteillages mortels lors de l’ascension, qui n’est réalisable que de la mi-avril à la fin mai, lorsque les conditions météorologiques le permettent. Pendant cette période, les réserves d’oxygène, transportées dans de lourdes bouteilles, peuvent rapidement s’épuiser.
Cette saison a été également marquée par des vols de bouteilles d’oxygène, déposées par des sherpas dans la “zone de la mort” située au-dessus de 8 000 mètres. Les conditions météorologiques défavorables, avec de fortes chutes de neige et des avalanches, ont rendu la météo imprévisible et le terrain instable, témoignage de l’impact du réchauffement climatique sur l’Himalaya.
Des préoccupations environnementales et des croyances traditionnelles
L’Icimod, une organisation spécialisée dans la recherche en glaciologie, constate une fonte accélérée des 79 glaciers de la région de l’Everest, avec une réduction d’environ 100 mètres en six décennies. Cette situation va de pair avec la fonte plus générale des deux tiers des glaciers de l’Hindu-Kush-Himalaya, prévue pour disparaître d’ici 2100. Cette fonte entraîne la formation de nombreux petits lacs, qui pourraient se rejoindre pour former un lac plus important. Cela présente un risque majeur de rupture brutale.
Selon les croyances des villageois, toutes ces tragédies seraient attribuables à la colère des dieux. Pour eux, les sommets de l’Himalaya sont des divinités qu’il ne faut pas déranger, mais plutôt laisser en paix.
Éditorial : Repenser l’alpinisme et préserver la montagne sacrée
La nécessité d’une régulation stricte
L’Everest est aujourd’hui victime de sa propre renommée et de la commercialisation excessive du tourisme d’alpinisme. Il est temps de repenser l’approche de cette montagne sacrée et de mettre en place une régulation stricte pour préserver sa beauté et sa sécurité. Il est essentiel de limiter le nombre de permis d’ascension accordés chaque année et de garantir que seuls les alpinistes expérimentés puissent tenter l’aventure. La limitation des permis permettra également de désengorger le camp de base et de réduire la pollution qui y règne.
Des mesures environnementales indispensables
Il est également primordial de prendre des mesures concrètes pour préserver l’environnement fragile de l’Everest. Les autorités népalaises doivent renforcer les campagnes de nettoyage et de sensibilisation, en collaboration avec les alpinistes, les sherpas et les agences d’expédition. Il est nécessaire d’interdire les matériaux superflus et d’encourager les alpinistes à respecter strictement les règles de gestion des déchets. De plus, il convient d’étudier la possibilité de déplacer le camp de base à un endroit plus bas, afin de soulager le glacier du Khumbu.
La préservation des croyances traditionnelles
Il est également essentiel de respecter les croyances et la culture des populations locales. Les sommets de l’Himalaya sont des lieux sacrés pour eux, et il est de notre devoir de préserver cette dimension spirituelle. Sensibiliser les alpinistes et les touristes à la richesse de cette culture et à l’importance de respecter les divinités de l’Everest est un enjeu majeur.
Conseils pour l’avenir de l’alpinisme sur l’Everest
1. Limitez le nombre de permis d’ascension afin de garantir la sécurité et de préserver l’environnement.
Il est essentiel de réguler strictement le nombre d’alpinistes autorisés à gravir l’Everest chaque année. Cette mesure permettra de réduire les risques pour les grimpeurs et de préserver l’écosystème fragile de la montagne.
2. Renforcez les mesures de protection de l’environnement.
Il est crucial de mettre en place des campagnes de sensibilisation et des actions concrètes pour lutter contre la pollution et préserver la beauté naturelle de l’Everest. Les alpinistes doivent être encouragés à respecter les règles de gestion des déchets et à ramener leurs détritus.
3. Promouvez le respect des croyances locales.
Il est important de sensibiliser les alpinistes et les touristes à l’importance de respecter les traditions et les croyances locales. Les sommets de l’Himalaya sont des lieux sacrés, et il convient de les laisser en paix, conformément aux croyances des populations locales.
En conclusion, il est urgent de repenser l’alpinisme sur l’Everest afin de préserver cette montagne mythique et de respecter les valeurs de sécurité, d’environnement et de culture. L’Everest ne doit pas devenir un parc d’attractions commercial, mais plutôt un lieu de rencontre entre la nature et l’âme humaine, où la conquête de soi prime sur la conquête de la montagne.
<< photo by NEOM >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.
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