L’élection en Slovaquie et son impact sur la politique européenne
Des élections législatives marquées par la victoire du parti national-populiste Smer
L’ancien premier ministre et chef du parti national-populiste Smer, Robert Fico, est arrivé en tête des élections législatives organisées en Slovaquie le samedi 30 septembre 2023. Selon les résultats quasi définitifs annoncés le dimanche 1er octobre, le parti Smer a remporté près de 23% des voix, ce qui le place en position de force pour redevenir premier ministre. Robert Fico, âgé de 59 ans, a mené une campagne axée sur l’alignement de la politique étrangère slovaque sur celle de la Hongrie, voisine du pays. Son programme propose de “rejeter l’aide militaire à l’Ukraine”, de s’opposer aux sanctions à l’encontre de la Russie et de “normaliser les relations” avec Moscou. Tout en affirmant ne pas être “prorusse”, Fico souhaite que la Slovaquie reste membre de l’Union européenne et de l’OTAN. Cependant, sa victoire risque de mettre un terme à la politique pro-occidentale du gouvernement précédent, notamment en ce qui concerne le soutien militaire à l’Ukraine.
Conséquences pour la politique européenne
L’exercice d’une politique européenne unie sur la guerre en Ukraine est déjà rendu compliqué par les blocages du premier ministre nationaliste hongrois, Viktor Orban. Avec la victoire du parti Smer en Slovaquie, cette tâche risque de devenir quasi impossible. Robert Fico pourrait permettre à la Hongrie de sortir de son isolement au sein du groupe de Visegrad, qui comprend également la République tchèque et la Pologne, et ainsi former une alliance visant à exercer un veto anti-Kiev lors des délibérations du Conseil européen. Le soutien exprimé par Viktor Orban envers Fico et son parti souligne l’intérêt de la Hongrie à travailler avec la Slovaquie dans cette démarche.
Les défis pour former une majorité et éviter une nouvelle ère de corruption
Pour former un gouvernement majoritaire, Robert Fico devra obtenir le soutien des 27 élus du parti social-démocrate HLAS, formé par des dissidents de son propre parti. Les relations entre Fico et ces dissidents sont complexes, ce qui rend l’obtention d’un soutien solide incertain. D’autre part, le parti centriste et pro-occidental Slovaquie progressiste, qui a obtenu près de 18% des voix, n’a pas abandonné son ambition d’accéder au pouvoir. Le chef du parti, Michal Simecka, a clairement exprimé sa volonté de tout faire pour empêcher Robert Fico de gouverner à nouveau.
Il est important de rappeler que Fico a été chassé du pouvoir en 2018 suite à l’assassinat du journaliste Jan Kuciak, qui avait révélé l’infiltration de la mafia dans le pays. Malgré les accusations de corruption qui pèsent sur lui et certains membres de son entourage, Fico a réussi à se présenter comme victime d’une persécution politique. Son retour en force dans le paysage politique slovaque soulève des inquiétudes quant à l’intégrité du gouvernement et à la lutte contre la corruption.
Implications pour les relations internationales
Les enjeux entre la Slovaquie, la Russie et l’Union européenne
La victoire de Robert Fico et du parti Smer risque de renforcer les liens entre la Slovaquie et la Russie. Le programme de Fico, qui prône une normalisation des relations avec Moscou et remet en question les sanctions à l’encontre de la Russie, s’oppose à la politique européenne actuelle de confrontation avec la Russie. Cela pourrait donc entraîner une fracture dans la position de l’Union européenne vis-à-vis de la Russie, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine. La Slovaquie, en tant que pays de taille modeste, n’a peut-être pas le même poids diplomatique que la Pologne ou la Roumanie, mais sa position stratégique et sa proximité géographique avec la Russie font de sa politique étrangère une question d’intérêt pour l’ensemble de l’Europe de l’Est.
L’avenir de la coopération européenne au sein du groupe de Visegrad
Le groupe de Visegrad, qui comprend la Slovaquie, la Hongrie, la République tchèque et la Pologne, risque également d’être affecté par la position politique de la Slovaquie. Alors que la Pologne et la Hongrie ont déjà exprimé leurs divergences par rapport à certaines politiques européennes, l’ajout d’un troisième membre remettant en question la position de l’Union européenne vis-à-vis de la Russie pourrait fragiliser davantage la coopération au sein du groupe. Cela pourrait également avoir un impact sur les négociations et les décisions communes prises au niveau européen, en particulier lors du Conseil européen.
Editorial: Préserver l’unité européenne en dépit des divergences
Il est essentiel, dans ce contexte, que l’Union européenne maintienne son unité malgré les divergences politiques des États membres. La situation en Ukraine est une question cruciale pour la sécurité et la stabilité de l’Europe, et une position solide et unie de l’UE sont nécessaires pour répondre à cette crise. Il est également important de rappeler que l’UE repose sur des valeurs communes telles que la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit, qui doivent être préservées et défendues.
Il est donc primordial que les dirigeants européens continuent de rechercher des compromis et de dialoguer de manière constructive pour trouver des solutions communes. L’engagement en faveur de la démocratie et des valeurs européennes doit primer sur les intérêts nationaux. La pression doit également être maintenue sur la Russie pour qu’elle respecte les accords internationaux et les droits de l’homme.
Les résultats des élections législatives en Slovaquie soulignent la nécessité d’une réflexion approfondie sur l’orientation politique de l’Europe de l’Est. Les divergences au sein de l’Union européenne ne doivent pas être considérées comme des failles, mais comme des opportunités de débats constructifs et de recherche de solutions communes. La coopération et l’unité entre les États membres restent la clé pour relever les défis actuels et futurs qui se présentent à l’Europe.
<< photo by Ron Lach >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.