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La résistance insoupçonnée du "Circuit de France" pendant l'Occupation - Une histoire méconnue du cyclisme français

La résistance insoupçonnée du “Circuit de France” pendant l’Occupation – Une histoire méconnue du cyclisme français

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# Cyclisme : Le “Circuit de France”, une page méconnue de l’histoire du cyclisme pendant l’Occupation

## Un ersatz du Tour de France au service de Vichy

En 1942, pendant l’occupation allemande en France, une course à étapes appelée le “Circuit de France” a été organisée en remplacement du Tour de France, suspendu depuis la victoire du Belge Sylvère Maes en 1939. Cet événement, tombé dans l’oubli en raison de son organisation désordonnée et sous contrainte, a été récemment mis en lumière par le journaliste Etienne Bonamy dans son roman “Les forces de la route”.

Initialement créé en 1903 par le journal “L’Auto” (ancêtre de “L’Équipe”), le Tour de France était devenu une institution majeure du cyclisme français. Cependant, après la mort de Henri Desgrange en 1940 et l’invasion allemande, un certain Jacques Goddet a repris les rênes de l’événement. Face aux demandes de l’occupant allemand et du régime de Vichy, qui souhaitaient maintenir la course pour des raisons de propagande, Goddet a refusé. Finalement, en 1942, l’organisation du Circuit de France a été confiée à Jean Leulliot, un ancien reporter de “L’Auto” qui était désormais chef des sports au journal collaborationniste “La France socialiste”.

## Les coureurs contraints de participer

Le Circuit de France a été marqué par la contrainte subie par les coureurs pour y participer. Emile Idée, un champion cycliste français couronné lors des championnats de France en 1942, a été contraint de prendre part à cette course. En raison de son passage en prison après avoir franchi la ligne de démarcation pour participer à une autre course, il se sentait sous pression de la part de Jean Leulliot, qui menaçait de le dénoncer aux Allemands s’il refusait de participer. Idée risquait ainsi d’être envoyé au Service du travail obligatoire (STO) ou dans un camp de l’autre côté du Rhin.

Malgré ses réticences et son aversion pour les courses à étapes, Emile Idée a pris le départ de ce Circuit de France en tant que non-spécialiste, aux côtés de 71 autres participants, principalement français et belges. Les coureurs étaient principalement membres des 12 équipes soutenues par “La France socialiste”, qui collaborent avec le régime de Vichy.

## Une organisation catastrophique

Le Circuit de France s’est déroulé sur une distance totale de 1 650 km en six jours, avec une moyenne de 275 km par étape. Le parcours de la course était une boucle de Paris à Paris, passant par Le Mans, Poitiers, Limoges, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Lyon et Dijon. Le parcours rappelait les premières éditions rudimentaires du Tour de France, qui avaient lieu quarante ans auparavant.

Cependant, la course a été marquée par une organisation mal préparée. Les coureurs, utilisant encore des boyaux sur le torse comme au début du siècle, ont souffert de conditions climatiques difficiles en octobre. Le manque d’argent et de places dans les hôtels, beaucoup étant en faillite le long du parcours, a contraint les coureurs à dormir dans des séminaires ou des dortoirs de lycée après avoir pédalé toute la journée.

La période de guerre et d’occupation se faisait également sentir dans le peloton, notamment avec les couvre-feux et le franchissement de la ligne de démarcation entre la zone occupée et la zone libre. Les cyclistes perdaient ainsi plusieurs heures aux postes de contrôle, ce qui était considéré comme normal à l’époque.

## Un fiasco jamais répété

Finalement, seuls 29 concurrents ont réussi à terminer la course à Paris après cette semaine chaotique. Le Circuit de France a été un véritable fiasco et ne sera jamais reconduit. Les mois suivants, les Allemands se sont plutôt préoccupés de la progression des Alliés et de la Résistance, qui ont débarqué en Algérie en novembre 1942.

Jean Leulliot, l’organisateur controversé de cette course sous l’Occupation, a réussi à se réhabiliter grâce aux témoignages de ses confrères à la Libération. Il a finalement repris son rôle de directeur de course et a relancé Paris-Nice dès 1951. Bien que ses actes collaborateurs ne puissent être excusés, il semble que Leulliot était principalement motivé par son désir de montrer qu’il pouvait organiser une grande course malgré les circonstances difficiles.

Il faudra attendre 1947 et la fondation de “L’Équipe” par Jacques Goddet pour que le Tour de France, avec son célèbre maillot jaune, fasse son grand retour. Emile Idée, quant à lui, a continué sa carrière cycliste et a remporté une étape du Tour de France deux ans plus tard. Le triste souvenir du Circuit de France a finalement été oublié.

*Photo credit: ROGER PARRY*

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<< photo by Gioele Fazzeri >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.

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