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La répression des homicides routiers : une mesure politique sans véritable impact ?

La répression des homicides routiers : une mesure politique sans véritable impact ?

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Homicide routier : « Cette mesure est juste une annonce politique, il n’y a rien derrière ! »

INTERVIEW. Norbert Pirault, porte-parole de l’association Victimes et Citoyens, qui prend en charge les victimes d’accidents de la route, n’est pas tendre avec la mesure annoncée par Élisabeth Borne. Propos recueillis par Rémi Kumar

Dans l’après-midi du 17 mai 2023, à l’occasion du comité interministériel à la Sécurité routière, Élisabeth Borne a confirmé la création d’un délit pour désigner les morts par accident de la route : l’homicide routier. La Première ministre dit entendre « les associations de victimes qui sont choquées que l’on parle d’homicide involontaire quand on a un conducteur qui a pu boire de l’alcool ou prendre des stupéfiants avant de prendre la route », mais ce qui peut être vu comme un nouveau délit n’est en fait qu’un changement de nom.

Norbert Pirault, 60 ans, est porte-parole de l’association Victimes et Citoyens, qui agit aux côtés des victimes de la route. En 2009, il a failli perdre la vie dans un grave accident à moto, renversé par une camionnette hors de contrôle. « Ma vie s’est effondrée du jour au lendemain. J’avais 46 ans, j’étais maître d’œuvre dans le BTP et je gagnais bien ma vie. » Depuis plus de dix ans, il s’investit pleinement dans cette association lancée en 2004.

C’est peu dire que l’annonce de la Première ministre ne le satisfait pas.

Le Point : Comment réagissez-vous à la création de l’homicide routier annoncée par Élisabeth Borne ?

Norbert Pirault : Cette annonce cherche uniquement à faire plaisir aux associations de victimes. Seule la syntaxe a changé. Honnêtement, je suis dépité, c’est juste une annonce politique, mais qu’est-ce qu’il y a derrière ? Rien. La sécurité routière, ce n’est pas une seule mesure, mais il faudrait plusieurs petites mesures pour faire baisser le taux de mortalité sur la route. Aujourd’hui, nous sommes de très mauvais élèves par rapport au reste de l’Europe.

Pourquoi êtes-vous déçu ?

En France, on a en moyenne 10 morts et 200 blessés graves par jour liés aux accidents de la route. Au moment où je vous parle, quatre personnes ont sûrement déjà perdu la vie. Les associations auraient dû être présentes à cette table ronde sur la sécurité routière, car nous travaillons au quotidien sur ce sujet.

Au moment de l’affaire Palmade, Gérald Darmanin a annoncé le retrait de 12 points pour toute personne conduisant sous substances. Mais, avec ou sans permis, une personne ayant consommé de l’alcool ou sous l’effet de stupéfiants prendra quand même sa voiture pour rejoindre des amis. La vérité, c’est qu’on a 1 million de personnes qui roulent sans permis.

Que voudriez-vous de plus ?

Ce que je demande depuis longtemps, c’est un plan Marshall sur la sécurité routière. On milite notamment pour une visite médicale de contrôle pour les conducteurs les plus âgés. Mon beau-père de 80 ans vit aux États-Unis. Cela fait près de vingt ans qu’il passe une visite médicale de contrôle tous les deux ans pour vérifier son aptitude à conduire. Pourquoi ne le fait-on pas en France ? Il faut mettre la main à la poche, créer des centres de rétention pour adultes, avec des psychiatres, des psychologues et des addictologues pour soigner ceux qui ont causé des accidents.

En prison, on sait que de la drogue circule… Dès leur sortie, ce sont des bombes atomiques, rien ne les empêche de recommencer. Les associations devraient être présentes dans les stages de récupération de points pour une meilleure sensibilisation au sujet. Pendant ces stages, finalement, beaucoup trop de gens paient pour se coller au radiateur au fond de la salle et somnoler. Ils y passent deux jours et les voilà avec quatre points récupérés, de nouveau derrière le volant, sans avoir appris quoi que ce soit. Et pourquoi ne pas imaginer une carte étudiante VTC pour les jeunes, dont le coût serait en partie pris en charge par les assureurs ? Ils seraient plus en sécurité en sortant de soirée.

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La répression des homicides routiers : une mesure politique sans véritable impact ?
<< photo by Marta Dzedyshko >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.

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Leclair Jean-Pierre

Bonjour, je m'appelle Jean-Pierre Leclair. J'ai passé plus de 15 ans dans le journalisme, en couvrant tout, des affaires internationales à la politique locale. J'apporte toujours une perspective honnête et approfondie à chaque histoire que je couvre.

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