À Mayotte, la crise de l’eau révèle les dysfonctionnements d’une île sous tension
La crise de l’eau à Mayotte, département français situé dans l’océan Indien, met en évidence les faiblesses structurelles de l’île et la mauvaise gestion du Syndicat des Eaux. Alors que la sécheresse affaiblit les réserves d’eau, la crise actuelle est également le résultat d’un manque d’investissements dans les infrastructures.
Une sécheresse historique
Selon les services de l’État, Mayotte connaît actuellement une sécheresse historique, avec des pluies exceptionnellement faibles depuis 1997. Cette absence de pluie a empêché le rechargement suffisant des deux retenues collinaires de l’île, qui fournissent 80 % de la ressource en eau en complément des rivières.
Tensions multifactorielles
Cependant, la crise de l’eau à Mayotte ne peut être attribuée uniquement à la sécheresse. Les tensions sur la ressource en eau sont multifactorielles et résultent également d’un manque d’investissements structurels sur une période de 20 ans. Malgré un plan d’urgence pour sécuriser et augmenter la ressource en eau en 2017, les infrastructures nécessaires n’ont pas été mises en place.
La corruption et l’incompétence du Syndicat des Eaux ont également été mises en cause par la Cour des Comptes, ce qui a conduit à une enquête du parquet national financier.
Problèmes d’infrastructures
Le plan d’urgence eau prévoyait notamment d’augmenter les capacités de production de l’usine de dessalement de Petite-Terre. Cependant, les travaux prévus pour améliorer sa productivité ne seront terminés qu’en novembre de cette année. De plus, la création d’une deuxième usine de dessalement est toujours en projet, mais la recherche foncière nécessaire à sa construction n’a pas encore abouti.
De même, le projet de troisième retenue collinaire, en attente depuis huit ans, est bloqué par des problèmes de financement, d’études et d’indemnisation des propriétaires fonciers.
Pertes d’eau considérables
Bien que certaines rénovations du réseau aient été réalisées grâce aux financements de l’État, environ 30 % de l’eau produite continue d’être perdue en raison de fuites. Les coupures d’eau récurrentes fragilisent les canalisations, créant ainsi un cercle vicieux.
Conséquences environnementales
Les associations environnementales pointent également du doigt la déforestation comme responsable de la crise de l’eau. La déforestation réduit l’infiltration de l’eau dans le sol et empêche le rechargement des nappes phréatiques. Mayotte est le département français le plus déforesté, perdant environ 300 hectares de forêt chaque année.
De plus, Mayotte est directement impactée par le dérèglement climatique et le phénomène de refroidissement des températures de surface dans l’océan Pacifique, appelé la Niña, qui a des répercussions dans l’océan Indien. L’incertitude plane quant à savoir si cela provoquera des pluies diluviennes ou une sécheresse prolongée dans la région.
Editorial : La nécessité d’investir et de préserver
La crise de l’eau à Mayotte met en évidence l’urgence d’investir dans les infrastructures et de préserver les ressources hydriques de l’île. Cette situation critique ne peut être résolue sans une action rapide et concertée des autorités locales et de l’État français.
Il est essentiel de mettre en place des projets d’infrastructure solides, tels que des usines de dessalement supplémentaires et des retenues collinaires, pour augmenter la capacité de production et de stockage de l’eau. De plus, il est primordial de réhabiliter le réseau de distribution d’eau pour réduire les pertes et assurer une distribution équitable.
La préservation de l’environnement est également cruciale pour garantir la disponibilité future de l’eau. Il est essentiel de lutter contre la déforestation et de promouvoir des pratiques durables pour maintenir la qualité des sols et la recharge des nappes phréatiques.
Conseils pour l’avenir
Pour éviter de futures crises de l’eau, il est impératif que Mayotte mette en place une gestion efficace et durable de ses ressources hydriques. Cela nécessite une planification à long terme, des investissements continus dans les infrastructures et une gestion transparente et responsable du Syndicat des Eaux.
De plus, il est essentiel d’éduquer la population sur l’importance de la préservation de l’eau et de promouvoir des pratiques de consommation responsables. Il est également nécessaire de sensibiliser davantage à l’impact du changement climatique et à la nécessité d’adaptation pour faire face aux défis futurs.
En conclusion, la crise de l’eau à Mayotte ne peut être résolue qu’en mettant en œuvre des mesures à court et à long terme pour garantir l’accès à une ressource vitale pour la population de l’île.
<< photo by Julia Kolchigina >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.