Jacques Julliard : l’histoire revisitée par un observateur engagé

Jacques Julliard : un historien engagé et visionnaire

L’historien et journaliste Jacques Julliard, considéré comme l’une des figures emblématiques de la “deuxième gauche”, est décédé à l’âge de 90 ans. Sa mort a suscité de nombreuses réactions parmi les responsables politiques et au sein du milieu journalistique français.

Une vie marquée par l’engagement politique

Né en 1933 dans le village de Brénod, dans l’Ain, Jacques Julliard était destiné à une vie politiquement engagée. Issu d’une famille aux convictions radicales, son grand-père et son père étaient maires du village. Sa mère, quant à elle, était une catholique pratiquante.

Enfant, il a vécu l’Occupation et a ressenti “physiquement la peur des Allemands”. Il a même été témoin de la déportation de certains de ses camarades. Ces expériences ont profondément marqué son engagement dans la lutte contre la torture et le colonialisme, des valeurs qui ont perduré tout au long de sa vie.

L’engagement intellectuel et professionnel

Jacques Julliard a toujours été un intellectuel engagé, dès sa jeunesse. Après avoir intégré l’Ecole normale supérieure en 1954, il a collaboré avec la revue Esprit et a développé ses idées sur la gauche française.

C’est en 1965, avec la publication de son premier livre “Clemenceau briseur de grèves”, qu’il a théorisé sa pensée politique. Par la suite, il a joué un rôle de premier plan au sein du Nouvel Observateur, magazine de gauche, et s’est impliqué au Parti socialiste français.

Son projet de modernisation idéologique du PS, connu sous le nom de “deuxième gauche”, a fait de lui un acteur incontournable de la scène politique française. Son engagement syndical à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFDT) témoigne également de sa volonté de défendre les droits des travailleurs.

Un héritage intellectuel

Jacques Julliard a laissé derrière lui une oeuvre riche en réflexions sur la politique, l’histoire et la société française. Son analyse de la gauche française, de ses divisions et de son évolution, reste pertinente aujourd’hui.

Il a également développé une approche philosophique de son engagement politique, se décrivant comme un “humaniste chrétien”. Pour lui, l’évangile était la “seule force révolutionnaire dans le monde” et il cherchait à résister à l’utilitarisme et au primat de l’argent qui caractérisent la société contemporaine.

Un héritage à revisiter

La mort de Jacques Julliard est l’occasion de revisiter son héritage intellectuel et politique. Son analyse de la “deuxième gauche” et la question de l’engagement chrétien dans la politique peuvent permettre une réflexion profonde sur les valeurs qui sous-tendent notre société.

Il reste également un exemple pour les intellectuels et les journalistes d’aujourd’hui. Son engagement durant toute sa vie, sa volonté de résister à l’injustice, et sa capacité à développer une pensée critique restent des modèles inspirants.

Conclusion

La disparition de Jacques Julliard est une perte pour le monde intellectuel et politique français. Son travail et son engagement nous invitent à réfléchir sur notre société et sur la façon dont nous pouvons contribuer à un monde plus juste et éclairé. Son héritage restera une source d’inspiration pour les générations futures.