Le débat autour de l’autorisation du port du hijab dans les compétitions de football
Le Conseil d’Etat français a récemment examiné un recours déposé par le collectif des Hijabeuses contre la Fédération française de football (FFF). Ce collectif conteste l’article 1 du règlement de la FFF, qui interdit depuis 2016 le port de tout signe religieux ostensible lors des compétitions. Lors de l’audience, le rapporteur public a recommandé l’annulation de cet article, arguant que le port du hijab ne constitue ni du prosélytisme ni de la provocation, et qu’il n’y a aucune exigence de neutralité pour les joueuses dans ce contexte.
L’évolution du règlement pour les joueuses sélectionnées en équipe de France
Le rapporteur public a fait valoir que la question du port du hijab pouvait se poser pour les joueuses sélectionnées en équipe de France, étant donné qu’elles représentent la nation et accomplissent ainsi une mission de service public. Il a donc recommandé que la FFF modifie son règlement afin de permettre aux joueuses portant le hijab de participer aux compétitions. Cette proposition a été qualifiée de “discutable” pour les autres joueuses licenciées à la FFF, pour lesquelles le rapporteur public considère qu’il n’y a pas de nécessité ou de raison valable de permettre le port du hijab.
Les enjeux et les conséquences d’une évolution du règlement
Avec le règlement actuel de la FFF, les joueuses qui portent le voile sont exclues de facto des compétitions et doivent renoncer à toute carrière sportive. Le rapporteur public a souligné que la Fifa ainsi que l’ensemble des fédérations sportives internationales autorisent le port du hijab en compétition. Il a également mis en garde contre le risque que l’interdiction du voile puisse être étendue à d’autres espaces publics si elle n’est pas remise en question.
Les différents points de vue sur la question
Cette recommandation du rapporteur public du Conseil d’Etat a suscité des réactions contrastées. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est exprimé en opposition à l’autorisation du port du hijab en compétition, estimant que la pratique religieuse ne devrait pas être visible lors de la pratique sportive. Selon lui, connaître la religion des autres joueurs n’est pas nécessaire dans le contexte du football. Toutefois, il convient de noter que cette position n’est pas partagée par tous.
Il est important de souligner que ce débat soulève des questions plus larges sur la laïcité, le multiculturalisme, et le respect des droits individuels. La décision finale du Conseil d’Etat sera rendue sous trois semaines, et elle aura sans aucun doute un impact significatif sur le paysage sportif français et sur la liberté religieuse des joueuses de football.
En conclusion, cette affaire met en évidence la complexité des questions liées à la pratique religieuse dans le contexte du sport et soulève des débats profonds sur l’égalité, l’inclusion et la liberté de culte. Il revient maintenant au Conseil d’Etat de trancher cette question délicate et de prendre une décision qui soit à la fois juste et respectueuse des droits de chacun.
<< photo by Tembela Bohle >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.