Reportage — Luttes
Dissolution des Soulèvements de la Terre : la décision mise en délibéré
À l’issue d’une audience au Conseil d’État le 27 octobre, le rapporteur public a exposé des arguments en faveur d’une dissolution des Soulèvements de la Terre. La décision finale sera rendue ultérieurement.
L’inquiétude des militants
À la sortie de l’audience, les militants des Soulèvements de la Terre sont inquiets. Me Sébastien Mabile, l’un des avocats des associations requérantes, a qualifié les conclusions du rapporteur public d’inquiétantes. Le 27 octobre, de nombreux militants et soutiens du mouvement écologiste se sont rassemblés devant le Conseil d’État pour débattre de la dissolution ou non de la coalition, exigée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Bien que la décision des juges ne soit pas attendue avant plusieurs semaines, l’audience n’a pas été encourageante pour les Soulèvements de la Terre.
Les arguments en faveur de la dissolution
Deux jours avant l’audience, le rapporteur public Laurent Domingo, membre du conseil chargé d’éclairer les juges, a publié ses arguments juridiques en faveur de maintenant le décret de dissolution du 21 juin dernier. Lors de l’audience, Laurent Domingo a détaillé sa décision en se rangant du côté des arguments du ministère de l’Intérieur. Il a affirmé que les Soulèvements de la Terre formaient une entité avec un logo, des moyens de communication, et étaient dirigés par un groupe de militants disposant de ressources. Selon lui, ces éléments permettent d’utiliser la loi Séparatisme pour dissoudre le mouvement. Le rapporteur public a également souligné que la “provocation” aux atteintes aux biens était largement documentée à travers les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux des Soulèvements, ainsi que les tutoriels appelant à démanteler les chantiers de retenues d’eau de substitution, appelées mégabassines. Laurent Domingo a conclu que les Soulèvements de la Terre se situaient en dehors du champ de la désobéissance civile.
Les arguments des avocats des Soulèvements de la Terre
Les avocats des Soulèvements de la Terre et de leurs soutiens ont pris la parole pour répondre aux accusations de provocation à des agissements violents. Ils ont rappelé que les Soulèvements n’ont jamais incité à des actions contre des personnes physiques. Me Antoine Lyon-Caen a souligné que les “provocations” dénoncées par le rapporteur public relevaient de la liberté d’expression et de la liberté de pensée et d’exprimer des idées. Il a rappelé que le mot “désarmement” utilisé par les Soulèvements pour définir certaines actions était une expression totalement pacifique. Pour lui, les Soulèvements de la Terre représentent un mouvement en avance sur notre époque, qui dénonce la faillite des formes d’organisation politique actuelles face à l’urgence climatique.
Une décision lourde de conséquences
La décision du Conseil d’État sur la dissolution des Soulèvements de la Terre sera rendue dans plusieurs semaines. Si la dissolution est actée, cela risque d’avoir de graves conséquences pour tous les collectifs et associations qui luttent pour leurs droits. Certains craignent que cela puisse ouvrir la porte à la dissolution d’autres mouvements de contestation. Le soutien dont bénéficient les Soulèvements de la Terre est sans précédent, avec une mobilisation importante de la société civile. Les avocats soulignent l’importance du rapport de force dans une société démocratique et mettent en garde contre une atteinte à la liberté d’expression et au droit de protester pacifiquement.
Éditorial
Cette affaire de dissolution des Soulèvements de la Terre soulève de nombreuses questions philosophiques et éthiques. D’un côté, il est légitime de protéger l’ordre public et de réprimer les actes de violence. De l’autre côté, il est fondamental de préserver la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement, surtout lorsque les enjeux sont aussi cruciaux que la défense de l’environnement face à l’urgence climatique.
La question de la dissolution des mouvements contestataires met en évidence la tension entre maintenir l’ordre établi et permettre une contestation légitime et nécessaire. Il est essentiel de trouver un équilibre, en prenant en compte les enjeux environnementaux et en favorisant le dialogue entre les parties prenantes.
Conseil
Face à cette situation, il est crucial de rester informé et d’évaluer de manière critique les arguments des différentes parties. Les enjeux environnementaux nécessitent une mobilisation citoyenne et une action collective. Il est important de soutenir les mouvements écologistes et de participer aux débats sur la protection de l’environnement.
En tant que citoyens, nous avons la responsabilité de nous engager pour la préservation de notre planète et pour un avenir plus durable. Il est essentiel de se tenir informé, de participer aux débats et de défendre nos droits fondamentaux, notamment celui de s’exprimer et de manifester pacifiquement.
<< photo by Siegfried Poepperl >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.