Le mystère de la disparition du président déchu du Niger, Mohamed Bazoum
L’accusation d’une tentative d’évasion
Depuis plus de deux jours, le président élu du Niger, Mohamed Bazoum, est introuvable. Assigné à résidence depuis le coup d’État qui a renversé le pouvoir à Niamey le 26 juillet dernier, Bazoum a refusé de démissionner. Alors que de nombreux pays continuent d’appeler à sa libération, la junte au pouvoir affirme désormais qu’il aurait tenté de s’évader.
Cette nouvelle est aussi surprenante qu’impossible à vérifier. En effet, la pression exercée sur la ville de Niamey et sur le reste du pays par la junte est telle qu’aucune voix n’oserait contredire leur version des faits. Les détails de cette tentative d’évasion proviennent donc uniquement du porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie.
Selon ce récit, précis jusqu’à être presque chirurgical, un plan d’évasion en voiture et en hélicoptère vers le Nigeria aurait été découvert. Cependant, la résidence présidentielle se trouve au cœur du camp militaire fortement protégé de Niamey. Il semblerait donc invraisemblable que la junte ait pu déjouer une tentative d’évasion aussi audacieuse de la part de Mohamed Bazoum, dont l’état de santé était déjà jugé préoccupant.
Les accusations contre une “puissance étrangère”
La junte au pouvoir ne nomme pas la prétendue “puissance étrangère” qui aurait fourni les détails du plan d’évasion. Cette omission soulève des interrogations. Les États-Unis, la France, l’Italie et l’Allemagne sont les seuls pays disposant de moyens aériens au Niger. Alors que la France est en train de quitter le territoire, la junte a déjà souvent incriminé ce pays depuis le début de la crise. Il n’y aurait donc aucune raison de ne pas le nommer s’il était vraiment impliqué.
Quant aux États-Unis, ils ont tout fait diplomatiquement pour garder une base au Niger et n’auraient aucun intérêt à prendre de tels risques. Les Italiens et les Allemands, quant à eux, disposent de très peu de personnel sur place. Si aucune de ces “puissances étrangères” n’a fomenté ce plan, cela pourrait signifier qu’il n’y a jamais eu de tentative d’évasion.
C’est du moins la conviction du collectif d’avocats de Mohamed Bazoum. Selon eux, ces accusations sont infondées et ont été montées de toutes pièces pour permettre à la junte de détenir au secret le président nigérien. Ce matin, le médecin chargé d’apporter médicaments et nourriture à Bazoum s’est vu refuser l’accès à la résidence présidentielle. Mohamed Bazoum est tout simplement introuvable depuis mercredi soir.
La demande de preuve de vie
Face à cette situation, les avocats de Bazoum, jusque-là concentrés sur des actions en justice, réclament désormais une preuve de vie. Ils s’inquiètent de la santé et de la sécurité du président déchu, d’autant plus que son état de santé était déjà préoccupant avant sa disparition.
Le sort de Mohamed Bazoum reste donc incertain, et la disparition inquiétante du président élu du Niger soulève de nombreuses interrogations. La junte au pouvoir doit rendre des comptes et fournir des preuves pour étayer ses accusations de tentative d’évasion. Protéger la vie et l’intégrité physique des dirigeants politiques devrait être une priorité, même en période de crise politique. Il est essentiel que tous les moyens diplomatiques et internationaux soient mobilisés pour obtenir des réponses et garantir la sécurité de Mohamed Bazoum. S’il est prouvé qu’il est détenu arbitrairement, la communauté internationale doit prendre des mesures fermes et rapides pour sa libération et la réinstallation de l’ordre constitutionnel au Niger.
<< photo by Library of Congress >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.
