Défi sécuritaire au Sahel : Quelles perspectives pour les entreprises dans la région ?

Quel avenir pour les entreprises françaises au Sahel?

La présence des entreprises françaises au Sahel

Malgré la montée du sentiment anti-français au Niger, au Mali et au Burkina Faso, les entreprises françaises sont toujours présentes dans la région du Sahel et plus largement en Afrique subsaharienne. Cependant, elles font face à une concurrence croissante de la part de nouveaux acteurs chinois, indiens et russes. La situation sécuritaire instable et l’hostilité envers la France suscitent des inquiétudes quant aux intérêts économiques français dans la région.

Selon Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales, les relations commerciales entre la France et le Niger sont très limitées. Bien que le Niger soit le 5e fournisseur d’uranium de la France, il n’est plus considéré comme un partenaire stratégique majeur. Par conséquent, il n’y a pas beaucoup d’entreprises françaises présentes dans le pays, à l’exception d’Orano (anciennement Areva).

Au Mali et au Burkina Faso, des pays également marqués par des coups d’État, les entreprises françaises sont davantage implantées. Cependant, Etienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), affirme qu’il n’y a pas de départs d’entreprises françaises en raison du sentiment anti-français. Il souligne que ce sentiment concerne une minorité de la population et est plutôt anti-politique française que contre la France en tant que pays. Cependant, cette instabilité politique peut décourager les investisseurs et retarder la création de nouvelles installations ou même les dissuader d’investir dans la région.

Les défis pour les entreprises françaises

La concurrence croissante en Afrique subsaharienne, avec l’émergence de nouveaux acteurs locaux ainsi que de grandes entreprises russes, chinoises et turques, pose un défi majeur aux entreprises françaises. Le président Emmanuel Macron a appelé à un “réveil économique français en Afrique”, soulignant que le continent est devenu une terre de compétition. Il encourage les chefs d’entreprise français à se battre pour regagner des parts de marché.

La France a perdu du terrain économique en Afrique. Bien que la valeur de son activité ait augmenté au cours des vingt dernières années, le marché africain a quadruplé sur la même période. Par conséquent, les parts de marché des entreprises françaises ont diminué, passant de 10,6% en 2002 à 4,4% aujourd’hui. En comparaison, les parts de marché chinoises sont passées de 3,8% à 18,8%, celles de l’Inde de 1,9% à 5,6% et celles de la Turquie de 1% à 3,2%.

Un autre défi pour les entreprises françaises en Afrique subsaharienne est la réglementation française ou européenne qui crée une concurrence déloyale. Environ la moitié des concurrents des entreprises françaises ne sont pas soumis à la même réglementation, ce qui crée des obstacles supplémentaires pour les entreprises françaises.

Les perspectives et recommandations

Malgré ces défis, la France reste un partenaire de premier rang en Afrique subsaharienne. Selon la Direction générale du Trésor, la France est le deuxième investisseur étranger en termes de stock d’investissement directs à l’étranger en Afrique subsaharienne. De plus, les échanges commerciaux avec les pays d’Afrique subsaharienne ont atteint leur plus haut niveau des dix dernières années en 2022.

Il est essentiel pour les entreprises françaises de développer une stratégie adaptée à la concurrence croissante en Afrique subsaharienne. Cela nécessite une meilleure compréhension des marchés locaux et une adaptation aux réglementations et exigences spécifiques à chaque pays. Les entreprises françaises doivent également envisager des partenariats avec des acteurs locaux pour renforcer leur présence et leur compétitivité sur le continent.

Enfin, il est nécessaire que la France soutienne activement le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Cela peut se faire par le biais d’une coopération régionale renforcée, de l’encouragement des investissements directs étrangers et de la promotion du commerce équitable. Une telle approche favorisera la stabilité politique et économique de la région, ce qui est essentiel pour les entreprises françaises et leur avenir au Sahel.