Leslie Van Houten va être libérée après 53 ans de prison
L’épilogue d’un des faits divers les plus célèbres de l’histoire américaine
Après 53 ans de prison, Leslie Van Houten, disciple de Charles Manson, va être libérée. Cette décision met fin à l’un des faits divers les plus célèbres de l’histoire américaine, les meurtres commis par la secte de Charles Manson à la fin des années 1960. Manson, un gourou pervers qui se prenait pour Jésus Christ, vivait entouré d’une quinzaine de jeunes hippies, principalement des femmes. Parmi elles, Leslie Van Houten, alors âgée de seulement 19 ans, était une fumeuse de cannabis et adepte de substances hallucinogènes. Issue d’une famille aisée, elle était en conflit avec sa mère qui l’avait récemment forcée à avorter. Elle était également la maîtresse d’un des lieutenants du gourou.
Un jour, Manson explique à ses disciples qu’ils vont devoir tuer des gens, pour des raisons obscures. Il veut notamment tuer des personnes blanches afin que des Noirs soient accusés et que cela déclenche une guerre civile. Le 9 août, ils se rendent chez le cinéaste Roman Polanski et assassinent cinq personnes, dont la femme de l’acteur, Sharon Tate, enceinte de huit mois. Leslie Van Houten, qui était restée au ranch pour garder les enfants, se sentant exclue, monte dans la voiture le lendemain pour une nouvelle virée meurtrière. Elle participe alors au meurtre d’un couple dans une villa luxueuse choisi au hasard, portant à la femme seize coups de couteau.
La peine de mort abolie en Californie
Arrêtée peu après les meurtres, Leslie Van Houten a été condamnée à mort en 1971. Cependant, la peine capitale a été abolie en Californie, permettant à Van Houten de faire annuler sa condamnation et d’être brièvement libérée. Mais six mois plus tard, elle a été jugée à nouveau et condamnée à la réclusion à perpétuité. Elle a donc passé plus de 53 ans en prison.
En 2002, elle accordait une interview à Larry King de CNN dans laquelle elle déclarait être fière de la femme qu’elle était devenue en prison. Elle était devenue une détenue modèle, ayant obtenu des diplômes d’éducatrice et de conseillère pour les jeunes prisonnières.
Au cours des années, elle a formulé plus d’une vingtaine de demandes de libération conditionnelle qui ont toutes été rejetées, jusqu’à la dernière qui vient d’être acceptée. À l’âge de 73 ans, elle a trouvé un foyer qui l’accueillera à sa sortie de prison. Cependant, elle est confrontée à un monde qu’elle ne reconnaît plus : elle ne sait pas se servir d’un distributeur de billets, d’un téléphone portable ou d’un ordinateur, tous des objets qui n’existaient pas lorsqu’elle a été incarcérée en 1969.
Réflexion philosophique et problèmes juridiques
La réhabilitation des détenus
La libération imminente de Leslie Van Houten soulève des questions profondes sur la réhabilitation des détenus et sur leur capacité à se réinsérer dans la société après une longue peine de prison. En effet, Van Houten prétend être devenue une personne totalement différente de celle qui a commis ces actes odieux il y a plus de 50 ans. Elle a obtenu des diplômes et a acquis de nouvelles compétences tout en étant en prison. Cela pose la question de savoir si une personne peut vraiment changer et si la prison peut réellement permettre une réhabilitation.
Responsabilité pénale
Un autre aspect à prendre en compte est la question de la responsabilité pénale. Leslie Van Houten a été condamnée pour des crimes horribles, mais elle n’était âgée que de 19 ans au moment des faits. Certains soutiennent qu’elle devrait être tenue responsable de ses actes, tandis que d’autres soutiennent qu’elle était sous l’emprise de Manson et de la secte, et donc moins responsable de ses actes. Il est essentiel de déterminer dans quelle mesure elle était complice et contrôlée par Manson lorsqu’elle a commis ces meurtres. Cette discussion soulève des questions plus larges sur le système judiciaire et sur comment il devrait traiter les cas où les accusés sont sous l’emprise d’un leader ou d’une secte.
Editorial et conseils
Le besoin de réformes du système carcéral
La libération de Leslie Van Houten met en évidence la nécessité de réformes majeures du système carcéral. Les peines de réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle posent des problèmes sur le plan de la réhabilitation et de la réinsertion sociale. Il est crucial de trouver un équilibre entre la punition et la possibilité de rédemption. Les détenus devraient avoir accès à des programmes de réhabilitation qui leur permettent de se reconstruire et de se préparer à une éventuelle réintégration dans la société.
Une justice qui tient compte du contexte
Il est également important de réfléchir au contexte dans lequel les crimes ont été commis et à la responsabilité de chaque individu impliqué. Dans le cas de Leslie Van Houten, il est difficile de nier qu’elle était sous l’emprise de Manson et qu’elle était une jeune femme vulnérable à l’époque des meurtres. Bien que cela ne justifie en aucun cas ses actes, cela soulève la question de savoir si sa responsabilité pénale devrait être évaluée différemment de celle de Manson lui-même. La justice devrait tenir compte de ces facteurs lorsqu’elle prononce des condamnations et fixe les peines.
L’importance de l’aide à la réinsertion
Enfin, il est impératif que les anciens détenus reçoivent le soutien et les ressources nécessaires pour une réintégration réussie dans la société. Redécouvrir le monde extérieur après des décennies de prison peut être extrêmement difficile, en particulier lorsque la technologie et la société ont évolué de manière significative. Les programmes d’assistance à la réinsertion devraient être renforcés pour aider les anciens détenus à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour trouver un emploi, se loger et se réadapter à la vie quotidienne.
La libération prochaine de Leslie Van Houten soulève de nombreuses questions philosophiques et juridiques. Cependant, elle offre également l’opportunité de réfléchir à notre système pénal et de travailler à sa réforme, afin de garantir que justice soit rendue tout en donnant aux détenus la possibilité de se réhabiliter et de se réintégrer dans la société.
<< photo by Anete Lusina >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.