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Adieu à Claude Sarraute : une icône du journalisme du « Monde » s'éteint

Adieu à Claude Sarraute : une icône du journalisme du « Monde » s’éteint

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Décès de Claude Sarraute : Une icône du journalisme français s’éteint

Une vie parcourue par l’ombre de sa mère

Que faire quand on a une mère romancière, Nathalie Sarraute, l’une des principales figures du Nouveau Roman, et dont l’œuvre a été couronnée par une édition de la “Pléiade” de son vivant en 1996 ? Claude Sarraute, elle-même, s’est interrogée sur cette question. Elle avait bien sûr raison de ne pas vouloir devenir une pâle copie de sa mère. Après avoir essayé sa chance comme comédienne, elle a finalement été happée par sa propre aspiration à l’écriture.

Claude Sarraute a fait le choix du journalisme pour exprimer sa passion éphémère. Elle était consciente qu’elle n’entrerait pas dans la “Pléiade” et que son nom ne figurerait pas en gros titres de tous les journaux. Née le 24 juillet 1927 à Paris, elle est décédée dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 95 ans, à son domicile parisien, selon l’annonce faite par son fils Martin Tzara à l’Agence France-Presse. Son nom était déjà gravé sur sa tombe au cimetière du Montparnasse, aux côtés de celui de son époux, l’essayiste Jean-François Revel, avec qui elle a vécu trente-neuf ans.

Son parcours personnel était marqué par une certaine candeur, une fausse ingénuité qui était en réalité une pose pour se protéger. Il suffit de lire les écrits de Claude Sarraute pour s’en rendre compte. Elle prétendait souvent n’avoir rien gardé de ses années passées à l’École alsacienne et à la Sorbonne, où elle avait obtenu une licence d’anglais, ou de la lecture de sa mère qu’elle admirait. Mais ce n’était pas vrai.

Un parcours journalistique mémorable

Claude Sarraute a passé quarante ans au journal Le Monde, à partir de 1953, et c’est son billet quotidien intitulé “Sur le vif”, publié en dernière page de 1983 à 1992, qui reste gravé dans les mémoires. Auparavant, elle a écrit pour la rubrique alors appelée “Spectacles” et a ensuite tenu une chronique sur la télévision pendant sept ans. Son célèbre billet, qu’elle voulait être celui d’une “pipelette”, où elle parlait volontiers de son “Mimi” (François Mitterrand) ou de son “Jacquot” (Jacques Chirac), détonnait dans un journal réputé pour son austérité.

Qui peut prétendre n’avoir jamais été agacé par les propos spontanés de cette fausse ingénue ? Mais tout journaliste sait combien il est difficile de trouver chaque jour une idée à la fois intéressante et drôle pour un texte qui doit être rendu avant 9h30. Rencontrer Claude Sarraute chaque matin rue des Italiens, dans l’immeuble historique du Monde, c’était rencontrer une véritable tornade blonde à une heure où d’autres en sont encore à peine réveillés. Elle prenait le métro à l’aube à la station Pont-Marie, près de l’Île Saint-Louis où elle vivait avec Jean-François Revel. Elle descendait à Chaussée-d’Antin, prenait son cachet quotidien de corydrane, un stimulant composé d’aspirine et d’amphétamines, et se lançait dans une série de salutations affectueuses avant de se mettre au travail.

Une plume qui ne se contentait pas du journalisme

Après son départ du Monde en 1992, Claude Sarraute a cherché à “changer de longueur, pas de ton”. Elle a donc continué à écrire des livres qualifiés de “livres de plage” par ses soins. Elle en a publié une quinzaine, allant de “Dites donc !” (JC Lattès, 1985) à “Encore un instant” (Flammarion, 2017), en passant par “Allô Lolotte, c’est Coco” (Flammarion, 1987), qui a rencontré un grand succès. Elle a également mis sa verve et son franc-parler au service de programmes de divertissement radiophoniques, participant aux “Grosses Têtes” de Philippe Bouvard de 1985 à 1995. Elle a ensuite collaboré avec Laurent Ruquier sur des émissions telles que “Rien à cirer”, “On va s’gêner”, et a de nouveau fait partie de l’équipe des “Grosses Têtes” lorsque Ruquier les a reprises en 2014.

Claude Sarraute était parfois absente pour des raisons de santé, mais elle revenait en disant détester “la vieillesse, car tout fout le camp. Heureusement, il y a l’esprit qui fonctionne”. Et le rire.

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<< photo by Alexander Shatov >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.

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Moreau François

Bonjour, je suis François Moreau. Je suis spécialisé dans la couverture des sujets économiques, avec un intérêt particulier pour la technologie et l'innovation. J'apporte une analyse nuancée et perspicace à tous mes reportages.

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