Accusé de viols par quatre femmes, Tariq Ramadan sera bien jugé : Un procès crucial pour la lutte contre les violences sexuelles

L’horizon judiciaire de Tariq Ramadan se précise

Un procès ordonné pour Tariq Ramadan

Deux juges d’instruction parisiennes ont ordonné la tenue d’un procès devant la cour criminelle départementale de Paris pour Tariq Ramadan, le prédicateur suisse accusé de viols sur quatre femmes. Selon une source judiciaire, confirmant des sources proches du dossier, le théologien sera jugé pour des viols commis entre 2009 et 2016. Cette décision de procès fait suite à une ordonnance de mise en accusation très volumineuse dont l’AFP a eu connaissance. Cependant, une décision de non-lieu partiel a également été rendue concernant deux des plaignantes.

Les avocats de Tariq Ramadan ont réagi vivement à cette décision, arguant que “tenter de renvoyer une personne devant une juridiction de jugement alors que la Cour de cassation est saisie d’une requête en nullité concernant le point central de ce dossier est inadmissible”. La défense du théologien a en effet formé un pourvoi en cassation après la validation, le 11 mai, par la cour d’appel de Paris d’expertises psychiatriques capitales visant à examiner la notion d’emprise, très discutée dans ce dossier, qu’elle contestait. Les avocats ont également déclaré que cette décision était un “terrible aveu de faiblesse” de la part de l’accusation.

Les réactions des avocats et des plaignantes

Du côté des avocats qui défendent les plaignantes, la réaction a été positive. Me Laure Heinich, qui défend trois femmes dans le dossier instruit à Paris, a indiqué que ses clientes se réjouissaient “de cette décision et du travail manifestement très méticuleux rendu” par les magistrates. Me Ben Kemoun, qui représente certaines des plaignantes, a ajouté que les plaignantes étaient “soulagées et prêtes pour la suite”. Une des plaignantes, Henda Ayari, s’est également exprimée dans un communiqué transmis par son avocat, se disant “soulagée et reconnaissante du travail d’orfèvre, sérieux et détaillé, effectué par les juges d’instruction” et appelant la justice française à “protéger l’intégrité et la dignité des plaignantes lors des audiences à venir”.

Une affaire emblématique de l’ère MeToo

L’affaire Tariq Ramadan est emblématique de l’ère MeToo. Elle a éclaté à l’automne 2017 lorsque Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante féministe et laïque, a dénoncé Tariq Ramadan comme son agresseur et a porté plainte contre lui. Deux autres femmes se sont ensuite manifestées, dont une surnommée “Christelle” et Mounia Rabbouj, une ancienne prostituée impliquée dans l’affaire du Carlton de Lille. Au cours de la procédure, Tariq Ramadan a nié avoir eu des relations sexuelles avec les plaignantes, mais a reconnu des rapports de domination violents mais consentis.

Tariq Ramadan a multiplié les recours depuis le début de la procédure et a remis en cause l’impartialité de la justice française, qu’il considère comme le bras armé d’un règlement de comptes politique à son encontre. Au printemps, il a remporté un premier round judiciaire en Suisse, où il était poursuivi dans une cinquième affaire. Le tribunal correctionnel de Genève l’a acquitté des chefs de viol et de contrainte sexuelle. Cependant, une peine de trois ans de prison, dont la moitié avec sursis, avait été requise à son encontre. La plaignante avait annoncé faire appel de cette décision.

Un avenir incertain

Les avocats s’attendent à une bataille juridique acharnée lors de l’examen de l’affaire devant la chambre de l’instruction. La défense de Tariq Ramadan ne compte pas se laisser faire et continuera de contester les accusations portées contre leur client. Cette affaire, qui a déjà duré plusieurs années, est loin d’être terminée et l’issue du procès reste incertaine.

Conclusion

L’ordonnance de mise en accusation ordonnant un procès pour Tariq Ramadan dans l’affaire des viols sur quatre femmes marque une étape importante dans cette affaire emblématique de l’ère MeToo. Alors que les plaignantes et leurs avocats se réjouissent de cette décision, la défense du théologien continue de mettre en doute l’impartialité de la justice française et annonce une bataille juridique acharnée. L’issue du procès reste incertaine et l’affaire Tariq Ramadan continue d’alimenter les débats sur la lutte contre les violences sexuelles et le rôle de la justice dans ces affaires sensibles.