Mort de Silvio Berlusconi : hommage à la vie tumultueuse du magnat de la politique italienne

Le décès de Silvio Berlusconi, ancien président du conseil italien et magnat des médias, à l’âge de 86 ans, marque la fin d’une figure controversée de la politique italienne. Trois fois président du conseil, il est également connu pour avoir détenu le titre d’homme le plus riche d’Italie à plusieurs reprises. Berlusconi a été un homme politique très influent pendant plus de deux décennies, mais son action au gouvernement a été marquée par une série de scandales privés et financiers, ainsi que par son tempérament désinvolte et jouisseur.

Une carrière dans les affaires immobilières

Né en 1936 dans une famille de la moyenne bourgeoisie lombarde, Silvio Berlusconi a commencé sa carrière dans les affaires immobilières dans les années 1960, profitant du boom économique italien pour construire des bâtiments et vendre des appartements. Toujours précurseur, il a lancé la vente sur plan, convaincu de pouvoir concrétiser les rêves de papier de ses clients grâce à son bagou et à ses belles manières. Sa première entreprise, Edilnord, a été suivie par de nombreuses autres, jusqu’à la naissance de la holding Fininvest en 1974, qui contrôle toutes ses activités.

Un empire médiatique et politique

Dans les années 1970, Silvio Berlusconi s’est intéressé à la presse et à la télévision, dont l’Etat a abandonné le monopole en 1976. Grâce à une loi sur la concentration des médias faite à sa mesure, il a réussi à réunir des centaines de petites chaînes de télévision sous une seule bannière, Canale 5, qui rivalisait en termes d’audience avec les chaînes publiques de la RAI. Il a également acquis des journaux, des maisons d’édition, des banques, des compagnies d’assurance et des clubs de football.

Son empire médiatique et politique a été construit avec l’aide de complices politiques importants, tels que l’homme fort de Milan et futur président socialiste du conseil, Bettino Craxi, ainsi qu’un solide réseau d’influences dans tous les milieux. Il a également été membre de la loge maçonnique Propaganda Due (P2), fondée par Licio Gelli, qui se faisait fort de sauver l’Italie du communisme en créant un chaos propice à l’instauration d’un pouvoir fort.

Un héritage complexe

Malgré sa longévité et ses talents de communicant, l’action de Silvio Berlusconi au gouvernement a été marquée par des scandales et une relative impuissance. Il avait des conflits d’intérêts et des accords passés avec des forces politiques aux idéologies parfois contraires, ce qui a jeté une ombre sur son image de conservateur atlantiste et modéré. De plus, son amitié démonstrative avec Vladimir Poutine, jamais démentie malgré l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022, a nui à sa réputation.

Il reste cependant une figure charismatique de la politique italienne et un symbole d’une époque de changement et de modernisation du pays. Son héritage est complexe et controversé, et il sera intéressant de savoir comment l’histoire le jugera, lorsque la mousse de l’actualité italienne qu’il a saturée dans toutes ses rubriques sera retombée.