La Main : un renversement des mécanismes narratifs traditionnels du cinéma d’horreur
Les mécanismes narratifs du cinéma d’horreur sont souvent basés sur la familiarité du spectateur avec des situations effrayantes, et la peur est d’autant plus forte qu’elle naît d’une perturbation de cette familiarité. Cependant, le film La Main, réalisé par les frères Philippou, parvient à inverser ces données pour offrir quelque chose de nouveau, en utilisant une combinaison de familiarité et de nouveauté.
Une dimension surnaturelle dès le début du film
Dès les premiers moments du film, une dimension surnaturelle semble être une réalité innée, une présence indiscutable. Un groupe de jeunes se réunit régulièrement pour une expérience unique. L’un d’entre eux possède une main sculptée qu’il suffit d’empoigner en prononçant des paroles rituelles pour vivre différentes hallucinations effrayantes. Ces visions, qui plongent les protagonistes dans une sorte de transe, sont en réalité les esprits de personnes décédées qui cherchent à revenir dans le monde des vivants.
Le danger de prolonger le “voyage”
Cependant, il est essentiel de limiter la durée de ce “voyage”, sous peine de laisser entrer dans notre monde des créatures venant de l’au-delà. L’un des membres du groupe, le plus jeune, ne respecte pas cette prescription et se trouve plongé dans une rage autodestructrice violente, tentant de se suicider en se cognant la tête contre les murs. Finalement, il tombe dans le coma.
La confrontation avec les spectres et l’exploration de la condition humaine
La sœur du jeune homme et une amie, une jeune aborigène, sont convaincues qu’elles peuvent inverser la situation en affrontant les esprits, ce qui devient un moyen de faire face à leurs propres souffrances et d’accepter les conditions de leur existence.
La révélation des origines psychologiques des événements
La seconde partie du film, intitulée La Main, révèle progressivement le passé et le présent des personnages, tous hantés par des souffrances psychologiques telles que le deuil, l’abandon et la solitude. Les visions et les manifestations fantomatiques extraordinaires laissent place à la douleur et à l’inertie de vies sans qualité, à la fois banales et profondément tristes.
La nécessité de parler et de se connaître soi-même
Le titre original du film, Talk to Me (« parle-moi »), dévoile sa véritable essence : il s’agit de la nécessité de parler, de s’exprimer et de se comprendre soi-même. Le film explore ainsi les dimensions psychologiques et individuelles des personnages, montrant que les événements terrifiants qui se déroulent à l’écran ne sont que les conséquences de leurs propres traumatismes et tourments intérieurs.
Un renouvellement du genre horrifique
La Main offre ainsi une nouvelle perspective sur le genre horrifique en mêlant habilement le surnaturel et l’intime, en explorant les peurs collectives et les souffrances individuelles. Les frères Philippou, avec leur expérience de cinéastes et de créateurs de contenu sur YouTube, apportent un regard frais et moderne au cinéma d’horreur. Ils parviennent à créer une tension habile en inversant les mécanismes narratifs traditionnels du genre.
Conclusion
La Main, premier long métrage des frères Philippou, réussit à offrir une expérience horrifique originale en inversant les mécanismes narratifs traditionnels du genre. En mêlant le surnaturel et l’exploration des traumatismes intérieurs, le film offre un renouveau bienvenu à un genre souvent prévisible. La Main mérite d’être vu pour son approche novatrice et sa capacité à provoquer la réflexion sur la nature de la peur et de l’identité humaine.
<< photo by August de Richelieu >>
L’image est uniquement à des fins illustratives et ne représente pas la situation réelle.
